William Wegman

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Artiste américain (Holyoke 1943).

Repérables entre toutes depuis les années 70, les photographies et les vidéos de William Wegman s'attachent à travestir les chiens successifs de l'artiste (Man Ray puis Fay Ray) dans des saynètes pour lesquelles ils adoptent, entre docilité et soumission, les poses et les attitudes humaines. Prêtant à rire, dans un premier temps, ces mises en scène relèvent d'un comique de situation à mi-chemin entre le burlesque (genre développé par le mime et le cinéma des années 20) et la fable moraliste à la façon de La Fontaine. Mais la systématisation de ces farces engendre un univers où le banal, subvertissant le quotidien, fait glisser l'œuvre de Wegman vers une vision pessimiste et tragique de l'humanité, critique acerbe de l'homme se figurant au cœur de la création (Ray + Mrs Ludner in Bed, 1981). En 1985, alors que le raz de marée de la nouvelle peinture commençait à refluer, Wegman, adoptant une esthétique vieillotte et précieuse, se fait peintre d'un monde tel qu'on peut le trouver dans l'imaginaire enfantin. Ces toiles, d'aspect kitsch et naïf, inspirées d'ouvrages encyclopédiques destinés à la jeunesse des années 50, donnent à voir, dans un espace frontal, des architectures synthétisant différents styles, époques et civilisations (Gothic, Romanesque, Medieval, etc., 1988). Nonobstant leur apparence doucereuse, les œuvres de Wegman, suggérant le monde comme " un catalogue de possibilités multiples ", induisent, au même titre que ses photographies, une inquiétude sous-jacente. Le travail de William Wegman, facétieux, cruel et mélancolique, parce qu'il relève de la mise en scène et du spectacle, fut déterminant au début des années 80 pour des artistes tels que Cindy Sherman, David Salle, Clegg et Guttmann. Une exposition a été consacrée à l'artiste en 1991 (Paris, M. N. A. M.).