Valentin Alexandrovitch Serov

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre, décorateur et illustrateur russe (Saint-Pétersbourg 1865  – Moscou 1911).

Fils de musiciens, habitué au cosmopolitisme, excellent connaisseur de la peinture européenne, il est l'élève de Repine à Paris dès l'âge de neuf ans, achève ses études à l'Académie de Saint-Pétersbourg et peint des portraits (Mme Lwoff, 1895, Orsay) et des paysages baignés d'une lumière impressionniste : les Bœufs (1885, Moscou, gal. Tretiakov), le Quai Schiavoni à Venise (1887, id.), l'Étang envahi par les herbes (1888, id.), Village tatare en Crimée (1893, id.). À l'instar de Degas ou de Manet, il semble capable de digérer toutes les influences classiques sans perdre sa force et, à partir de 1897, il devient le portraitiste officiel de la Cour. Il peint notamment, avec un rare sens psychologique, parfois rehaussé d'une pointe d'ironie, Fillette aux pêches (1887, id.), l'Actrice Iermolova (1905, id.), Rimski-Korsakov (1898, id.), le Comte Felix Youssoupov (1903, Saint-Pétersbourg, Musée russe), Iskousstva (Moscou, gal. Tretiakov). En 1899, il est élu membre du conseil de la gal. Tretiakov. Tout cela ne l'empêche pas d'exposer à partir de 1900 avec Mir, où se dessine déjà la future avant-garde proche de Diaghilev, tout en complétant, pour la Cour, une série des " Tableaux de l'histoire de la Russie " (gouaches et aquarelles). En 1905, il adresse une lettre de protestation à l'Académie nationale des Beaux-Arts (dont il était membre depuis 1903), contre la tuerie du " Dimanche sanglant " et entreprend une suite de caricatures politiques. En 1909, il démissionne (il avait été le professeur de Malevitch, de Larionov, de Falk) et expose à Munich (dans le cadre des Sécessions) ; après un voyage en Grèce et en Crète, il se tourne vers l'Antiquité archaïque (Nausicaa, nombreuses variantes ; l'Enlèvement d'Europe, 1910, Moscou, gal. Tretiakov) avec un dépouillement que l'on retrouvera chez Picasso. Collaborateur des Ballets russes, Valentin Serov a laissé des décors de théâtre tumultueux, une esquisse de l'affiche d'Anna Pavlova (1909, id.) et le Portrait déshabillé d'Ida Rubinstein (1910, Saint-Pétersbourg, Musée russe).