Kurt Seligmann

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre suisse (Bâle 1901  –Sugar Loaf 1962).

Après des études à l'École des beaux-arts de Genève, où il fait la connaissance d'A. Giacometti, il s'installe à Paris en 1929 et fréquente l'atelier de A. Lhote. Membre du groupe Abstraction-Création en 1930, il devait le quitter pour se joindre au mouvement surréaliste en 1936. Il peint alors, dans ses huiles, des formes composites faites d'objets concrets (échelles, rouages dentelés, écrous, alambics) qui évoquent des hommes artificiels proches de l'automate (le Prestidigitateur, 1932, Bâle, Kupferstich Kabinett). Ces formes donnent naissance à sa période dite des " objets " et qui atteindra son apogée lors de l'Exposition internationale du Surréalisme (1938), où il invente son Ultrameuble. Ce tabouret, fait de quatre jambes de femmes, conjugue les trois caractéristiques fondamentales du Surréalisme : surprise, érotisme, inquiétante étrangeté. En 1939, Seligmann s'installe aux États-Unis et continue de participer aux activités du Surréalisme en exil. Son intérêt pour l'occultisme et la sorcellerie (il écrivit même un ouvrage à ce sujet, The Mirror of Magic, 1948) explique les sources de son inspiration. Sa peinture évoque alors le fantastique à travers des êtres réduits à des amas d'os et de cartilages et souvent vêtus d'étoffes raides, plus semblables à des lambeaux de chair (Life Goes on, 1943). Mais c'est surtout dans l'eau-forte que Seligmann trouva la technique la plus appropriée à rendre cet univers peuplé de formes fantasmagoriques (Wrapped Landscape, 1945, Genève, cabinet des Estampes). Les illustrations qu'il réalisa dans de nombreux ouvrages (Vagabondages héraldiques, 1934 ; le Mythe d'Œdipe, 1944) évoquent la préhension surréaliste qui voulait saisir la vie jusque dans la mort, qui fut pour Seligmann le suicide.