Lasar Segall

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre brésilien d'origine russe (Vilna 1891  – São Paulo 1957).

L'art de Segall est un lien vivant entre l'Expressionnisme germanique et celui de l'Amérique latine. Ses débuts se situent en effet à Berlin et surtout à Dresde (1916-1923), avant que le peintre ne s'établisse au Brésil (1923), pays dont il prit la nationalité après y avoir séjourné en 1912. D'abord marqué par le réalisme impressionniste de Liebermann et de Corinth, Segall pratique à Dresde un expressionnisme issu de Die Brücke (album de lithographies la Douce, 1917 ; attestant une forte influence de l'art africain) ; ce style fut bientôt modifié par l'adoption de procédés que le Blaue Reiter (Campendonk, Feininger) avait empruntés au Cubisme, dans des compositions illustrant la misère sociale, la déchéance physique et morale de l'individu (" Intérieurs d'indigents ", " Intérieur de malade ", 1920). Au Brésil, Segall connut une existence plus stable et rechercha davantage dans son art une mise en forme équilibrée, à l'image de la " raison de vivre " nouvelle qu'il s'était donnée et que soutiennent le paysage, le petit peuple brésiliens : Mère mulâtresse, 1924 ; Paysage brésilien, 1925, où le dessin limite des surfaces strictes qu'envahissent de douces tonalités. Mais les événements politiques devaient bientôt amener le peintre, d'origine juive, à témoigner contre le fascisme en des œuvres de vaste format et nécessairement plus réalistes, car la prise de position l'emportait impérativement sur l'esthétique : Pogrom (1936-37), Navire d'émigrants (1939-1941), Camp de concentration (1945), tableaux dont l'effet est dû au raccourci perspectif et à l'accumulation des " motifs " qu'offrait une humanité réduite à l'objet. Segall a laissé également des sculptures, des lithographies, notamment pour Bubu de Montparnasse (1921) de Charles-Louis Philippe, et un ouvrage : Souvenirs de Vilna. Il est bien représenté au M. A. C. de São Paulo.