Gino Bonichi, dit Scipione

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre italien (Macerata 1904  – Arco 1933).

Il est atteint de tuberculose, et sa brève carrière artistique (1928-1933) se déroule à Rome. Formé dans l'ambiance des cercles littéraires romains, il a une culture fort complexe, qui est ouverte aux grandes influences européennes. Il assimile rapidement le Surréalisme français tout en lui apportant sa poétique personnelle et en y mêlant des traits expressionnistes qui le rapprochent de Chagall et de Soutine. La Scuola romana naît de sa rencontre, en 1929, avec Mario Mafai et Raphaël ; l'artiste devient alors l'interprète le plus personnel de cet " Expressionnisme fantastique " qui, d'après Roberto Longhi, caractérise le groupe.

Scipione a un œuvre peu abondant. Sa verve sombre et violente évoque un style néo-baroque ; les visions apocalyptiques et exaltées de ses toiles empruntent leur fond aux places de Rome, dans un décor d'architectures baroques. Des ciels rouges et sombres embrasent les fastes d'un monde en décomposition, peuplé de dignitaires, de prélats et de courtisanes. L'artiste signe en 1930 trois de ses œuvres les plus connues : Piazza Navona (Rome, G. A. M.), Portrait du cardinal Decano (1929-30, id.) et Portrait d'une courtisane romaine (1930). En 1929, il participe à la Prima sindacale du Latium. Il est présent à la Biennale de Venise de 1930 et à la première Quadriennale de Rome de 1931. Deux grandes rétrospectives de son œuvre ont été organisées en 1948 (pin. de Macerata) et en 1954 (Rome, G. A. M.). Illustrateur du journal romain la Fiera Letteraria, Scipione a laissé une importante production graphique. Le tracé rapide, cursif et fantaisiste de ses dessins s'adapte parfaitement aux inventions ardentes d'un Symbolisme fabuleux ainsi qu'à une verve amère et satirique proche de celle de Grosz. Son œuvre littéraire est constituée par le recueil intitulé Arte Segrete et par des poésies, le Civette gridano (1938, Milan, éd. Scheiwiller). Ses peintures sont conservées dans des coll. part. italiennes et dans les M. A. M. de Rome, Turin, Montevideo et Tel-Aviv.