John Singer Sargent
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Peintre américain (Florence 1856 – Londres 1925).
Comme Mary Cassatt et Whistler, ses contemporains, Sargent s'expatria. Son enfance itinérante avec sa famille lui fit connaître l'Italie, l'Espagne et la Hollande. Ayant tout d'abord fréquenté l'Accademia delle Belle Arti à Florence, il se fixa à Paris à partir de 1874 et apprit à peindre dans l'atelier de Carolus Duran. Il subit aussi l'influence de Whistler et de Degas. À vingt ans, il se rendit pour la première fois aux États-Unis mais Paris resta son port d'attache. Il se rendit en Espagne en 1879 et y copia Velázquez, en 1880 en Hollande, où il fit de même avec Hals. Dès cette époque, Sargent exposait régulièrement au Salon, surtout des portraits, mais également quelques paysages. L'atelier de cet homme fin et cultivé était le lieu de rencontre de la haute société. Sa réputation de portraitiste ne cessait de croître (Carolus Duran, 1879, Williamstown, Sterling and Francine Clark Art Inst. ; les Filles d'Edward Darley, 1882, Boston, M. F. A. ; Docteur Pozzi, 1881). Son portrait de Madame X [Madame Pierre Gautreau] (Metropolitan Museum) fit scandale au Salon de 1884. Sargent cessa d'y exposer désormais et alla se fixer à Londres (1885), où il continua de mener une existence à la fois mondaine et laborieuse de portraitiste. Il avait exposé à la Royal Academy à partir de 1882 et devint membre élu de cette association en 1897. À la fin de sa vie, il séjourna fréquemment aux États-Unis, où la gloire l'attendait : Portraits de Mrs. Gardner (1887), décoration murale de la bibliothèque (1890-1919), du M. F. A. de Boston (1916-1925) et de la bibliothèque Widener à Harvard University (1921-22).
Admirateur de Frans Hals et de Velázquez, Sargent n'est pas indifférent aux nouveautés de l'Impressionnisme (il fut l'ami de Monet), auquel il emprunte la simplification hardie de la touche, mais son esprit demeure traditionnel. Ses portraits nous restituent fidèlement l'image d'une société ; ils ont dû leur succès à leur vraisemblance flatteuse, que traduisit la virtuosité de l'artiste. Après 1910 surtout, il peignit également des paysages et, durant la Première Guerre mondiale, des scènes de genre sur la vie militaire (Londres, Imperial War Museum, la plus célèbre restant Gassed, 1918). Des expositions rétrospectives de son œuvre eurent lieu à Boston en 1925 et à Londres en 1926 (Royal Academy et Tate Gal.). Il est représenté dans les musées de Boston, de Cambridge (États-Unis), de Londres (N. P. G., Tate Gal.), au Metropolitan Museum, dans plusieurs musées américains et à Paris (Carmencita, 1890, Paris, Orsay). Très critiqué après sa mort, Sargent est aujourd'hui réévalué, et reconnu comme un des grands portraitistes de son temps, sans que sa réputation aille aux sommets qu'elle atteignit de son vivant.