Joachim von Sandrart

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre et historien allemand (Francfort-sur-le-Main 1606  – Nuremberg 1688).

Voyageur infatigable en Europe, il fut comblé d'honneurs de son vivant plus peut-être qu'aucun autre artiste allemand. À l'âge de dix ans, il apprit le dessin chez Georg Keller, élève de Jost Amman, et se lia d'amitié avec T. de Bry et surtout M. Merian. En 1619, il se perfectionna auprès de S. Stoskopff dans l'atelier de Daniel Soreau à Hanau. En 1620, il apprit la gravure à Nuremberg chez Peter Iselburg. En 1622, il entra dans l'atelier de Sadeler à Prague et était au plus tard en 1625 à Utrecht chez Honthorst, où il eut la révélation du Caravagisme et où Rubens loua son Diogène cherchant un homme. De 1629 à 1635, il est en Italie où il se lie avec Liss à Venise, rencontre G. Reni et Albani à Bologne, fréquente à Rome Poussin, P. da Cortona, Pietro Testa, les peintres de bambochades dont Van Laer, les caravagesques dont Valentin de Boulogne, et où il peint des paysages en plein air avec Claude Lorrain. À Naples, il peint un Caton pour Artemisia Gentileschi et va voir la Décollation de saint Jean-Baptiste de Caravage à Malte. Après un séjour de deux ans à Francfort, où il se marie et peint le Clair de lune avec l'Amour et sa très belle Venus Pudica, il part pour Amsterdam, où il restera jusqu'en 1645. Là, il trouvera Rembrandt et ses premiers élèves, G. Flinck Backer, Van der Helst, mais aussi Keirinx, les premiers peintres de genre P. Godde, J. M. Molenaer et les précurseurs de Rembrandt encore vivants, Jacob Pynas et Moyaert. C'est sous ces influences conjuguées qu'il peint la Compagnie de Cornelis Bickker (1640, Amsterdam) et qu'il devient un portraitiste recherché. De 1642 à 1645, il peint sa célèbre série des Mois ainsi que le Jour et la Nuit commandés par le duc Maximilien pour l'ancien château de Schleissheim. Il est de retour en Allemagne en 1645 et s'installe dans sa propriété de Stockau, près d'Ingolstadt, mais fera de nombreux déplacements, en particulier à Munich et à Vienne. Les commandes de tableaux d'autel vont se multiplier (la Madone de la Paix, allégorie du traité de Westphalie ; le Songe de Jacob ; la Décollation de saint Jean-Baptiste). De 1670 à 1673, il est à Augsbourg et, à partir de 1673-74, s'installe à Nuremberg, où il est nommé directeur de la première Académie des beaux-arts allemande, fondée dès 1662, probablement à son instigation. Il sut, mieux qu'aucun autre artiste du Baroque allemand, aborder les thèmes les plus divers avec virtuosité, qu'il s'agisse de l'allégorie, du portrait (Johann Maximilian le Jeune, 1636, Francfort, Historisches Museum ; Hendrick et Eva Bicker, 1639, Rijksmuseum ; Autoportrait, Francfort, Historisches Museum), du tableau d'histoire (Mort de Sénèque, musée d'Erfurt), de la composition religieuse (retables à l'église de Lambach ; Mariage mystique de sainte Catherine, Vienne, K. M.) ou de la scène de genre (Allégories des Mois, Munich, Alte Pin. ; la Peseuse d'or, 1642, musée de Kassel). Il fut influencé par Caravage, Rubens, et son style accuse des réminiscences de Titien, de Reni, de Rembrandt et de Van Dyck. Ce sont ses portraits réalistes qui reflètent le mieux sa personnalité.

Sandrart s'est assuré une gloire durable par la parution de la première histoire de l'art allemande, la Teutsche Akademie der Bau-Bild und Mahlerey-künste, publiée de 1675 à 1679 ; très inspirée de Vasari et de Van Mander, cette œuvre est riche de renseignements sur les artistes contemporains, que l'artiste a, le plus souvent, connus personnellement.