Simon Pereyns

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre flamand actif au Mexique (Anvers v.  1535  – Mexico 1600).

Le premier peintre venu d'Europe qui ait conquis la grande renommée au Mexique est un Flamand (au nom souvent déformé en " Perin ", voire " Perez " !) dont la carrière est assez bien connue par des contrats et par les pièces du procès qu'il subit devant l'Inquisition. Originaire d'Anvers, on le trouve à partir de 1558 dans la péninsule Ibérique, d'abord à Lisbonne, où il passe une année, puis à Tolède et à Madrid. Apprécié à la Cour comme portraitiste, il aurait peint à plusieurs reprises Philippe II, mais aucune trace de ces activités n'est parvenue jusqu'à nous. Pereyns fait partie de la suite du nouveau vice-roi, le marquis de Falces, lorsque celui-ci débarque à Mexico en 1566 : le vice-roi " le recevait, avait pour lui toutes sortes d'attentions ". Dès l'année suivante, des contrats de retables importants, aujourd'hui perdus (Teteaca, Mexiquic), attestent son succès. Mais cette fortune doit éveiller la jalousie des peintres déjà sur place. L'un d'eux, Francisco de Morales, " connu, lui et sa femme, pour mauvaises langues ", brouillé avec Pereyns après avoir été son collaborateur (et restant son débiteur !), le dénonce au Saint-Office en 1568 comme ayant tenu des propos scandaleux : il aurait trouvé naturelles les amours hors mariage, et préféré à la peinture d'images pieuses celle des portraits, " qui rapporte plus ". Arrestation, interrogatoires avec torture : Pereyns nie fermement ; d'autres artistes, cités comme témoins à décharge, l'appuient. Finalement, on le libère, sous réserve de peindre à ses frais une Vierge " très dévote " pour la cathédrale. Il s'agit vraisemblablement de la populaire Vierge du pardon (" trascoro " de la cathédrale, Mexico), qu'il a signée. Cette mésaventure ne trouble pas une carrière de peintre qui continue brillamment. Pereyns se marie l'année suivante à Mexico et sans doute y termine sa vie. On y suit sa trace jusqu'en 1588 : en 1584, il peint le grand retable (auj. disparu) de la cathédrale et, en 1585, le Saint Christophe qui y est conservé ; en 1586, il exécute le retable du monastère de Huejotzingo, son œuvre la plus importante, dont les six compositions principales sont consacrées à la vie du Christ.

À travers ces œuvres, Pereyns apparaît comme un romaniste habile, influencé par Raphaël (peut-être à travers des Sévillans comme Vargas et Villegas, dont ses Vierges ont la grâce un peu mélancolique), mais resté fidèle à ses attaches flamandes, non seulement par la transposition de gravures de Sadeler d'après Maerten de Vos (Adoration des mages et Circoncision de Huejotzingo), mais aussi par le sentiment, à la fois familier et fervent, et le sens du paysage qui plaisent dans son Saint Christophe, trop souvent traité à cette époque en morceau de bravoure. Cet art, à la fois savant et assez proche de la sensibilité populaire, orientera la peinture mexicaine pour plus d'un demi-siècle.