Josef Navrátil

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre tchèque (Slaný 1798 – Prague 1865).

Il fut la figure la plus marquante du " second Rococo " pragois. Formé à l'Académie de peinture de Prague, chez Joseph Bergler, il voyagea en Allemagne, en Suisse, en Belgique, en France et en Italie. La peinture fut d'abord pour lui un gagne-pain : comme décorateur d'intérieur, il restaura, dans les châteaux de Bohême, de nombreuses fresques baroques puis exécuta des décorations murales (fresques à sujets historiques d'inspiration romantique, scènes de caractère anecdotique), appliquant les principes luministes de la peinture baroque. Parmi les décorations les plus connues, citons celles des châteaux de Liběkov (1848), de Źakupy (1851), de Ploskovice (1858), de Velké Jirny (1857), où Navŕatil décora la chambre dite " alpine ". Les tableaux de chevalet comprennent des paysages romantiques (Chasse au renard, 1855, musée de Prague) et des scènes de genre, où son sens de l'observation et sa vision réaliste rendent la poésie de l'activité humaine (l'École de village, 1857, id. ; l'Atelier, 1858, id.). Tout comme ses fresques et les enseignes réalisées à l'âge mûr, ces œuvres annoncent le Réalisme luministe de la seconde moitié du xixe s. Mais ce sont les petits formats non destinés au public et de caractère intime peints entre 1835 et 1861 qui constituent son apport essentiel, car Navŕatil y aborde des problèmes auxquels devait s'attacher la peinture européenne du xixe s. Ses gouaches et ses pochades montrent une facture vive et fraîche, d'une grande sensibilité. Ces œuvres se caractérisent par les thèmes romantiques et le coloris, fait d'accords bleu-rouge (Figure de jeune fille, 1835, id.). Vers 1850, les couleurs éclatantes font place aux gris et aux tons assourdis ; c'est le cas, en particulier, de nombreux portraits inspirés du monde du théâtre (Femme rêveuse, 1847, id. ; Norma, id.). Coloriste-né, Navŕatil a rénové la tradition baroque tchèque par son approche réaliste du sujet, sans sombrer dans le sentimentalisme du style Biedermeier ni dans le Naturalisme.