Jean-Marc Nattier

Beaumarchais
Beaumarchais

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre français (Paris 1685  id. 1766).

Il était le fils du portraitiste et peintre de l'Académie Marc Nattier et le frère cadet de Jean-Baptiste, peintre d'histoire.

Remarqué par Louis XIV, qui l'autorisa à dessiner et à faire graver l'Histoire de Marie de Médicis (1700-1710), il travailla pour Pierre le Grand en Hollande et à Paris (1717), puis fut reçu académicien en 1718 avec Persée changeant Phinée en pierre (musée de Tours). Avec Watteau, il dessina alors les tableaux du roi et du régent pour le financier et célèbre collectionneur Pierre Crozat (1721) et collabora avec J.-B. Massé aux planches gravées d'après les décorations de la Grande Galerie de Versailles (1723-1753).

Mais très tôt Nattier se spécialisa dans le portrait : ses premières effigies rappellent l'art de Raoux avec un jeu de lumière, un chatoiement des étoffes semblables, mais d'un dessin plus sûr (Mademoiselle de Lambesc sous la figure de Minerve, 1732, Louvre). Il devint très vite le peintre favori de la maison d'Orléans, travaillant à la décoration du Temple (1734-1748), dont le grand prieur était Jean-Philippe, chevalier d'Orléans. D'une série de commandes datant des années 1740, ce sont les deux portraits des deux sœurs cadettes de la comtesse de Mailly, maîtresse de Louis XV, Madame de Flavacourt et Madame de La Tournelle (répétition au musée de Marseille), portraits fort admirés de la Cour, qui lui permirent de pénétrer à Versailles. À partir de ce moment, Nattier devint le peintre de la famille royale : Marie Leszczyńska (1748, Versailles), et plus particulièrement de Mesdames de France : Madame Henriette en Flore (1742, Versailles) ; Madame Adélaïde en Diane (1745, id. ) ; portraits allégoriques de Mesdames, commandés par le Dauphin (1751, musée de São Paulo). Il transpose sur un plan plus aimable le caractère majestueux des figures de Rigaud, drapées de velours : l'un des portraitistes les plus brillants du siècle, il prête à tous ses modèles une expression de douceur un peu efféminée, n'évitant pas toujours la fadeur, en particulier dans ses figures masculines, que sauvent fort heureusement tant la délicatesse du modelé des visages que les amas de soies brisées et les éléments décoratifs. Malgré ce côté d'apparat, Nattier retient l'attention par sa grande sensibilité : c'est moins la grandeur d'un personnage de la Cour ou de la famille royale que la douceur, l'élégance, la légèreté nuancées de mélancolie qui sont l'interprétation d'une société où le rôle de la femme va grandissant dans un langage qui évoque les œuvres de Rousseau et annonce la sensibilité des portraits de Greuze ou de É. Vigée-Lebrun.

Parmi les meilleurs portraits de Nattier, on peut encore citer ceux qui sont conservés au Louvre : Portrait d'un commandeur de l'ordre de Malte (1739), la Comtesse Tessin (1741), la Duchesse de Chaulnes en Hébé (1744), Madame de Sombreval en Erato (1746) ; et surtout au château de Versailles : Madame Louise, Madame Victoire (1748), Isabelle de Parme (1752), Madame Henriette jouant de la basse de viole (1754), le Duc de Bourgogne (1754), l'Artiste et sa famille (1761) ; au musée Condé à Chantilly : Mademoiselle de Clermont, la Princesse de Condé ; au musée d'Amiens : J.-B. Louis Gresset ; au musée Jacquemart-André de Paris : la Marquise d'Antin (1738) ; à l'Académie royale de Copenhague : Tocqué (1762) ; au Nm de Stockholm : la Marquise de Broglie (1742), la Duchesse d'Orléans en Hébé (1744) ; à la Wallace Coll. de Londres : Mademoiselle de Clermont au bain (1733), la Comtesse de Tillières (1750), Mademoiselle de Châteaurenard (1755) ; au Metropolitan Museum, New York : Madame de Marsollier et sa fille (1749) ; et à la N. G. de Washington : Joseph Bonnier de La Mosson (1745), Madame de Caumartin (1753).

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