Michelino da Besozzo
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Peintre italien (documenté de 1388 à 1450).
La première œuvre datée attribuée à cet artiste, qui fut fort célèbre en son temps et le plus influent des maîtres lombards du " style gothique international ", est l'enluminure de l'Elogio funebre di Gian Galeazzo Visconti de 1403 (Paris, B. N., ms. lat. 5888), dont seraient contemporains les 4 dessins du Louvre figurant les Apôtres ; mais la fresque de la Crucifixion, de S. Salvatore sopra Crevenna, doit être antérieure à ces œuvres. Enfin, le fragment de fresque conservé dans l'église de Viboldone (Saint Laurent et un donateur), que Longhi attribue entièrement à cet artiste, serait plutôt, semble-t-il, d'un autre artiste proche de sa manière. Dans cette première phase de son activité, Michelino se montre le disciple et le continuateur de Giovannino de' Grassi, mais son trait est moins aigu, son modelé plus doux grâce à des tonalités fines aux reflets dorés.
En 1410, sa présence est documentée à Venise, où se trouve aussi Gentile da Fabriano, dont le style toutefois l'influence peu. La présence de Michelino en Vénétie est au contraire fondamentale pour ses rapports avec Stefano da Verona : tous deux se relient au " weicher Stil " nordique de l'école austro-tchèque, et plus généralement aux modes gothiques. Le meilleur exemple de ces affinités est fourni, à côté de la Vierge dans la roseraie attribuée à Stefano (Vérone), par le Mariage mystique de sainte Catherine, signé " Michelinus fecit " (Sienne, P. N.), encore plus audacieux que l'œuvre du Véronais dans la définition strictement à deux dimensions des formes sur le fond d'or, mais plus humainement narratif dans les douces figures souplement arrondies. Durant ce séjour en terre vénitienne, Michelino exécuta peut-être les fresques des tombes de Marco et Giovanni Thiene à l'église de S. Corona à Vicence. À cette même période de style, proche de celui des Véronais, appartient le dessin de l'Adoration des mages (Albertina), attribué autrefois à Pisanello ; tandis que, dans les belles miniatures du Livre d'heures de la bibliothèque d'Avignon, chef-d'œuvre de Michelino dans le domaine de l'enluminure, d'une suprême élégance linéaire et chromatique, l'influence de Stefano da Zevio, évidente dans les figurations sacrées, s'unit à un retour à la manière lombarde de De' Grassi dans la représentation des travaux saisonniers, dérivés de l'Historia plantarum de la bibliothèque Casanatense (Rome). Le même caractère se retrouve dans le Libretto degli Anacoreti (Rome, cabinet des Estampes), qui semble être cependant une œuvre d'atelier, plus proche peut-être de Leonardo, le fils de Michelino, auteur des fresques de l'église S. Giovanni a Carbonara (Naples) v. 1430-1440. À une phase plus mûre de Michelino appartiennent le Livre d'heures de la bibliothèque Bodmer à Cologny, près de Genève, le Mariage de la Vierge (Metropolitan Museum) et des fragments des anciennes fresques profanes du Palazzo Borromeo (Milan), aujourd'hui à la Rocca (forteresse) di Angera. Dans ces fresques surtout (attribuées parfois à Zavattari ou à Cristoforo Moretti, jeunes disciples de Michelino) se note l'effort du vieux maître pour adapter la tradition gothique internationale à une expression narrative plus spatiale et plus vigoureuse, tenant aussi compte certainement de l'œuvre de Masolino da Panicale à Castiglione d'Olona, et en particulier de ses paysages du Palazzo Castiglione. La trace de Michelino persistera très longtemps en Lombardie, jusque dans la seconde moitié du Quattrocento, en particulier dans l'œuvre de Cristofaro Moretti. Ses formes seront utilisées dans la sculpture, dans des œuvres issues du chantier du dôme de Milan, où il est cité à plusieurs reprises dans les Annales.