Lazare, dit El Lissitzky
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Architecte, peintre, typographe et photographe soviétique (Potchinok 1890 – Moscou 1941).
Il fut le principal propagandiste du Constructivisme russe, en particulier grâce à ses nombreux séjours en Occident et à son activité dans tous les domaines visuels. Il fait ses études à l'école polytechnique de Darmstadt, d'où il sort avec le diplôme d'ingénieur-architecte en 1915. D'abord marqué par l'art de Chagall, qui l'a appelé à Vitebsk, il va ensuite être définitivement influencé par Malévitch, qui arrive dans cette ville en 1919. L'année suivante, Lissitzky exécute ses premières compositions, entre peinture et architecture, qu'il présente comme les " stations intermédiaires vers les constructions de formes nouvelles " et qu'il intitule " proun ", abréviation en russe de " Projet pour le nouveau " (Proun RVN2, 1923, Hanovre, Museum Sprengel). À partir de ses recherches, dans la logique du Constructivisme, il va réaliser des affiches (Frappe les blancs avec le coin rouge, 1919), en particulier pour la firme de Hanovre Pelikan (1924), des mises en page de livres (Pour la voie de Maïakovski, en 1923, Histoire de 2 carrés, en 1922, publiés à Berlin), des aménagements de stands d'exposition (Pressa, Cologne, 1928), des projets d'architecture (Tribune de Lénine, 1924). Directeur du département d'architecture des Vhutemas à partir de 1921, il sera d'autre part très actif comme propagandiste des courants d'avant-garde (revue Vechtch-Gegenstand-Objet, Berlin, 1922, avec Ilia Ehrenbourg ; Nasci, n°s 8-9 de la revue Merz, Hanovre, 1924, à la demande de Schwitters ; les Ismes de l'art, Zurich, 1925, avec Jean Arp). Outre ses tableaux et ses typographies, ses deux œuvres majeures appartiennent plutôt à l'architecture : la Salle Proun, réalisée en 1923 pour la Grosse Berliner Kunstausstellung, première tentative constructiviste pour faire sortir le tableau de chevalet hors de son cadre et lui faire occuper avec ses formes l'espace réel (reconstitution en 1965, Eindhoven, Stedelijk Van Abbemuseum) ; le Cabinet des abstraits, exécuté pour exposer la collection d'art moderne du musée de Hanovre : l'espace entier y était conçu comme une œuvre plastique faite de plans ordonnés dans une grille orthogonale qui se modifie avec la participation du spectateur. Par ailleurs, Lissitzky, qui a créé un pictogramme en collaboration avec Vilmos Huszar pour la revue Merz, précédemment citée, a utilisé des fragments de photographies dans le domaine de l'illustration (Six Fins heureuses d'Ilya Ehrenboung) ; son intérêt pour la photographie le fait participer à l'exposition Film und Foto organisée par le Deutscher Verkbund (Stuttgart, 1929) où Lissitzky a présenté ses travaux. Lissitzky est représenté à New York (M. O. M. A.), à Hanovre et à Eindhoven (Stedelijk Van Abbemuseum). Une rétrospective a été consacrée à l'artiste en 1991 (Eindhoven, Madrid, Paris).