Christen Købke

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre danois (Copenhague 1810  – id. 1848).

Il fut sans doute le plus grand des peintres de l'" âge d'or danois ", période faste de l'art danois où, au rebours des tendances préromantiques d'Abildgaard et sous l'influence classique d'Eckersberg, tout un groupe de peintres (notamment W. Bendz, C. Hansen, J. Roed, C. A. Jensen, J. Th. Lundbye et Købke) peignent des scènes d'intérieur, des portraits familiers, des vues de la campagne danoise, et cela avec une justesse dans l'observation de la lumière, un raffinement de palette et une sûreté de mise en page qui font de leurs meilleures œuvres, le plus souvent de petites dimensions, des morceaux de peinture de la plus subtile qualité.

Købke se forma à l'Académie de Copenhague, dans l'atelier de C. A. Lorentzen, de 1822 à 1832, et fut l'élève d'Eckersberg à partir de 1828. Hormis un voyage en Italie (Rome, Naples, Capri, 1838-1840), il se fixa dans la banlieue de Copenhague. Dès sa première œuvre importante (la Salle des moulages de Charlottenborg, 1830, Copenhague, Hirschsprungske Samling), il a trouvé son style (science de l'éclairage, qui fait jouer les blancs et anime l'espace ; composition stricte, mais ne refusant pas l'insolite) et son ton d'intimisme tranquille (le Marchand de cigares, 1830, Louvre ; Vue prise d'un grenier dans les remparts de la citadelle de Copenhague, 1831, Copenhague, S. M. f. K.). Ses portraits d'amis (Frederic Sodring, 1832, id.), ses paysages des environs de Copenhague (le Port, 1834, Copenhague, N. C. G.) illustrent la même maîtrise que celle de ses débuts, la même sensibilité chaleureuse et discrète. Sa touche, fluide et précise, traduit, au-delà de la leçon d'Eckersberg, une vision très personnelle de la lumière et des valeurs colorées. Il peint sous plusieurs angles le Château de Frederiksborg (1835, Copenhague, Hirschsprungske Samling, et 1836, Copenhague, S. M. f. K.), dont les toits à clochetons, se détachant sur la campagne, lui fournissent les motifs de grands panneaux décoratifs (Copenhague, musée des Arts décoratifs ; projet à Copenhague, C. L. Davids Samling). Il peint ses proches, ses amis (Marstrand, 1836, Copenhague, S. M. f. K. ; H. E. Freund, Copenhague, Académie royale ; Adolphine, la sœur de l'artiste, 1832, Louvre). Vers 1838, il est attiré par le romantisme de G. D. Friedrich, qui le conduit à exalter parfois les mystères brumeux de l'aube et les effets d'arbres dépouillés à contre-jour (le Matin au bord du fleuve, 1838, Copenhague, N. C. G.) ou la poésie de l'attente (l'Embarcadère sur le lac de Sortedam, 1838, id.), tendance que son séjour en Italie en compagnie de Hilker devait atténuer (1838-1840, le Castel de l'Uovo à Naples, id.). À son retour à Copenhague en 1842, il est nommé membre de l'Académie et participe, en 1844-1845, au décor pompéien du musée Thorvaldsen ; il fournit également des peintures décoratives pour les propriétés de particuliers (les Puggaard, à Ordrup).

L'œuvre peint de Købke, qui comprend un peu plus de 200 numéros, est pour une bonne part conservé à Copenhague. Chacun des musées de la ville (S. M. f. K., N. C. G., Hirschsprungske Samling) conserve un bel ensemble d'œuvres de l'artiste. Il est également représenté à Stockholm (Nm), à Winterthur, fondation Oskar Reinhart à Londres (N. G.), au Metropolitan Museum, dans les musées de Cleveland, de Toledo et au Louvre.