Jiří Kolář

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Poète tchèque et auteur de collages (Protivin  1914-Prague 2002).

Après avoir passé par le Surréalisme, cet autodidacte a trouvé sa source d'inspiration dans les manifestations de la civilisation urbaine. Dans les années 40, il fit partie du groupe Quarante-Deux et développa la poétique du " folklore urbain " (recueils le Limbe et autres poèmes, les Journées dans l'année). Kolář a progressivement abandonné la poésie verbale pour s'acheminer vers une " poésie évidente ", fondée essentiellement sur le collage, qui offre cette possibilité de " méditation pure " qu'avant lui Kurt Schwitters avait pour la première fois exploitée. Dans les années 60, il imagine une vingtaine de types de collages à 2 ou à 3 dimensions, les plus originaux étant sans conteste le " khiasmage " et le " déployage ". Le " khiasmage " est composé d'un grand nombre de fragments de pages de vieux livres, de textes en caractères latins, arabes ou hébraïques, de signes chinois, de xylogravures, de partitions, d'horaires de train, de pages du Petit Larousse illustré, souvent agencés en formes géométriques de caractère emblématique (Cercle, 1966, musée de Prague). Le " déployage ", qui représente le pôle maniériste de Kolář, est réalisé à partir de reproductions d'œuvres d'art, de clichés, découpés en bandes ou en carrés et restitués dans un ordre nouveau. Fondé sur les principes de la variation et de la permutation, le déployage crée des anamorphoses qui ne délient pas seulement des portraits de Bronzino ou d'Ingres mais des lieux, tels que l'Arc de triomphe ou l'île Saint-Louis.

Par leur caractère constructif, ces papiers collés se situent souvent aux confins de l'Abstraction géométrique, mais ils conservent leur pouvoir poétique. Kolář est représenté notamment à Paris (M. N. A. M.), au musée du xxe Siècle de Vienne ainsi que dans de nombreuses coll. part. Une exposition lui a été consacrée (Madrid, Centro de Arte Reina Sofia) en 1996.