Karel Dujardin
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Peintre néerlandais (Amsterdam v. 1622 – Venise 1678).
Fils du peintre Guilliam Du Gardin, il fut probablement élève de Berchem à Haarlem. Il vécut à Amsterdam de 1650 à 1655, à La Haye de 1656 à 1658, puis de nouveau à Amsterdam. En 1675, l'artiste se rend en Italie, en passant par Tanger. Trois ans plus tard, il meurt à Venise. La représentation du paysage méridional tient une grande place dans son œuvre, ce qui laisse à penser que Dujardin fit un premier voyage en Italie, entre 1640 et 1650 (on le retrouve à Paris en 1650). De cette période datent quelques bambochades et un certain nombre de paysages où figurent des bergers et des animaux. L'exécution de ces œuvres est encore un peu maladroite et fait songer à la technique de Pieter Van Laer et de Nicolaes Berchem.
Ce n'est qu'après 1650 que l'artiste réussit à peindre, dans un style très personnel, des paysages pastoraux d'une haute qualité artistique. Dans ces peintures, quelques vaches, des moutons et des paysans (parfois la figure fait même complètement défaut) sont groupés au pied d'une colline ou de quelques arbres, de façon apparemment très simple, mais en réalité avec un raffinement extrême qui unit à un parfait naturel un équilibre harmonieux : Paysage à la cascade (1655, Louvre). La façon dont Dujardin exprime la matière et la profondeur témoigne d'une technique minutieuse, qui pourtant ne dégénère jamais en froideur. Le soleil et la chaleur sont suggérés à l'aide de couleurs brillantes et de contrastes marqués d'ombre et de lumière. Pour ce style très personnel, Dujardin s'est inspiré tout particulièrement de Paulus Potter (pour les thèmes et les techniques) et de Jan Asselijn (pour les jeux de lumière raffinés). À son tour, Dujardin a exercé une grande influence sur Adriaen Van de Velde.
À partir de 1658 env., le peintre recherche une composition plutôt monumentale, ne comportant que quelques grandes parties. Les figures, plus grandes par rapport à la surface de la toile, sont réunies en groupes compacts et placées au premier plan. On peut constater la même recherche du monumental dans quelques paysages qui datent de cette période et dont émane un effet de grande profondeur, grâce aux petites dimensions données aux figures " de diamant " (Cambridge, Fitzwilliam Museum). On retrouve également cette recherche dans les représentations religieuses et mythologiques que Dujardin peint à cette époque et d'où se dégage parfois une véritable émotion dramatique : la Conversion de saint Paul (1662, Londres, N. G.). Puis son œuvre perd en intensité, jusqu'en 1675 environ où un deuxième séjour en Italie l'inspire de nouveau. Il exécute alors, au cours des trois dernières années de sa vie, un certain nombre de vues de la campagne romaine d'une facture large et empâtée ; ces toiles révèlent un style nouveau, inspiré de la peinture de paysage italienne, où les teintes sombres et brunes dominent, avec quelques taches de couleurs vives (Passage du gué, v. 1675, Paris, Institut néerlandais). Dujardin a peint non seulement des paysages et des tableaux d'histoire, mais aussi quelques portraits (un exemple de petites dimensions au Louvre, daté 1657). Il est également l'auteur d'un certain nombre de gravures, qui témoignent d'une technique subtile du clair-obscur.