Jorge Afonso

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre portugais ( ? v.  1470-1475  –?  1540).

Beau-frère du peintre Francisco Henriques, s'il n'est pas, comme on l'a supposé, un Flamand naturalisé, du moins reçut-il l'enseignement probable d'un maître étranger. Les débuts de son activité artistique, signalée dès 1504, coïncident avec les premières années du règne de Manuel Ier, qui l'attache à sa cour en 1508 et le nomme contrôleur et administrateur de toutes les entreprises de peinture royales, charges qui lui furent confirmées par Jean III en 1529. De nombreux documents (de 1509 à 1540) attestent l'existence de son atelier, près du monastère de S. Domingos à Lisbonne, où travaillèrent notamment son neveu Garcia Fernandes, son gendre Gregorio Lopes, Cristovão de Figueiredo, Pedro et Gaspar Vaz, ainsi que Vasco Fernandes, qui y figurait en 1514. Bien qu'on ne connaisse pas d'œuvres signées par le peintre ou documentées avec précision, on lui a attribué récemment, en raison de son importance, deux des meilleurs ensembles d'œuvres royales non identifiées qui semblent contenir en germe le style de son atelier. Il s'agit des peintures monumentales de la rotonde des Templiers (v. 1510, Tomar, couvent du Christ) et du grand retable de l'église de la Madre de Deus (Lisbonne, Xabregas), daté de 1515, sur le panneau de l'Apparition du Christ à la Vierge. On reconnaît également le style du maître dans le retable de l'église du Jesu (v. 1520, musée de Setubal) et dans la série dite " du Maître de São Bento " (v. 1528, Lisbonne, M. A. A.), où sont évidentes, comme à la Madre de Deus, la collaboration de disciples de son atelier, parmi lesquels ceux qu'on a appelés " les Maîtres de Ferreirim ". Ces œuvres témoignent d'un art sobre et vigoureux, éclectique et monumental, de caractère national. Elles furent déterminantes pour l'orientation de la peinture portugaise et confirmeraient avec la plus grande vraisemblance le rôle privilégié de Jorge Afonso, tant pour les charges qu'il exerça que pour l'atelier où il dirigea quelques-uns des meilleurs peintres de la génération suivante.