Augustus John

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre britannique (Tendy, Pembrokeshire, 1878  – Fryen Court 1961).

Il étudia à la Slade School of Art de l'université de Londres (1894-1898) et s'y fit rapidement la réputation d'un dessinateur insurpassable, héritier de la tradition des grands maîtres du xviiie s. Son Moses and the Brazen Serpent (1898, Londres, University College) lui valut le premier prix de composition à la fin de ses études. Mais John, contrairement à ce que l'on aurait pu penser, ne devint pas un artiste officiel et classique : il fut ainsi au premier rang, dans les années qui suivirent, des avant-gardes les plus audacieuses, probablement sous l'influence des séjours répétés qu'il fit en France à partir de 1899 et qui le mirent au contact des tendances les plus avancées de la peinture de son temps. Il exposa à partir de 1899 au New English Art Club et fit partie du Camden Group en 1911. Il peignait alors aussi bien des paysages (son exposition de 50 Provencal Studies en 1910 fit scandale et il travailla avec le paysagiste gallois J. D. Innes à partir de 1911) que des portraits (The Smiling Woman (Dorelia) [sa deuxième femme et son modèle le plus célèbre], 1908, Londres, Tate Gal ; G. B. Shaw, 1915, Cambridge, Fitzwilliam Museum) ou de grandes scènes décoratives dans la lignée de Puvis de Chavannes mais empreintes de modernisme (Lyric Fantasy, v. 1911 ; Galway, v. 1916 ; tous deux à Londres, Tate Gal.). Il mit ainsi à la mode le type de la beauté gitane, auquel son œuvre sera désormais associé. Sa carrière prit un tour plus conformiste après la Première Guerre mondiale, même si ses œuvres pouvaient encore choquer : il devint alors le portraitiste de la haute société et des célébrités de l'entre-deux-guerres (Madame Guilhermina Suggia, 1920-23, Londres, Tate Gal. ; Dylan Thomas, 1936, Cardiff, National Museum of Wales). A. R. A. en 1921, R. A. en 1928, John était intégré désormais aux cercles artistiques officiels (il fut trustee de la Tate Gal. de 1933 à 1940) et sa peinture apparut, dans les années 50, datée et dépassée. Un long déclin critique allait s'ensuivre, dont il ne fait aujourd'hui que sortir. On s'accorde en effet maintenant sur ses qualités techniques autant que sur les audaces formelles dont il fit preuve à ses débuts. Le National Museum of Wales de Cardiff a acheté son fonds d'atelier en 1972 (près de 1 000 dessins, 300 peintures et 3 bronzes). C'est donc là que l'artiste est le mieux représenté (la Tate Gal. conservant des œuvres importantes).

Il en va de même pour sa sœur Gwen John (1876-1939) , amie de Rodin, de Rilke, de Jacques Maritain. La carrière de celle-ci a été longtemps occultée par celle de son frère. Son œuvre, qui ne lui cède pas en qualité, reflète par son intimisme la vie de plus en plus recluse qu'elle mena à Paris, puis à Meudon après sa conversion au catholicisme, en 1913.