Jan Dibbets
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Artiste néerlandais (Weert 1941).
Après avoir étudié de 1959 à 1963 à l'Académie des beaux-arts de Tilburg, Dibbets prend des leçons du peintre Jan Gregor à Eindhoven, puis en 1963-64, fréquente l'école d'art de Saint-Martin à Londres. Il réalise de 1964 à 1968 des peintures abstraites. En 1967, il exécute des empilements de peintures de taille égale, formant des cubes, qui marquent la fin de son activité de peintre. C'est à Londres qu'il entreprend le prolongement de son travail abstrait dans le cadre de la nature, réalisant des Rouleaux d'herbe (1967). Cette première mise en œuvre d'une forme géométrique dans l'espace naturel préfigure une grande partie de son travail ultérieur, qui joue sur les ambiguïtés du lien entre l'espace naturel, la vision humaine et les moyens de la représentation, particulièrement la perspective et la photographie. D'autres interventions, comme le Projet labour à Groningen, où il dessine des sillons dans le paysage, peuvent être associées au Land Art (voir aussi son intervention à l'exposition Earth Art à Ithaca en 1969). En 1967, il fonde avec Reiner Lucassen et Ger Van Elk l'Institut international pour la rééducation des artistes à Amsterdam. En 1968, c'est à travers le détournement d'objet que l'artiste met en question le rapport nature-culture (Table d'herbe et table de néon, 1968). Le médium photographique que Dibbets utilise à partir de 1968 lui permet de mettre en valeur les effets paradoxaux créés sur des formes géométriques par des prises de vue (Correction perspective diagonale/croisement/diagonale, 1968, Amsterdam, Stedelijk Museum). Les œuvres suivantes sont axées sur des évolutions séquentielles d'éléments naturels (Marée montante, 1969, Varèse, coll. Panza di Biumo) ou sur la prise en compte de rythmes géométriques, ainsi le marquage par des rubans de l'évolution de l'ombre portée sur un mur (Krefeld, musée Haus Lange, 1969). Une série d'œuvres illustrent par la suite, sous forme de séquences photographiques, le parcours de l'ombre et de la lumière dans un espace (le Jour le plus court, 1970, Eindhoven, Van Abbemuseum).
À partir de 1970, la valeur visuelle prend le pas sur l'élément conceptuel dans la production de Dibbets, ainsi dans les panoramas, paysage total formé par la juxtaposition linéaire de douze vues prises dans un paysage avec une rotation de 30° à chaque photographie. L'effet abstrait créé par le mouvement de l'appareil photo est accentué dans la série des Montagnes hollandaises (1971) par l'inclinaison de certaines prises de vue. Cette intégration des formes abstraites dans la réalité du paysage hollandais, mer, terre, ciel, est illustrée dans des œuvres comme Mer-Horizon 0-135° (1971), où l'œil suit le renversement progressif de la mer par intervalles de 15°, ou dans la série des Comètes (1973). De 1973 à 1975, Dibbets crée des Structure pieces, juxtapositions linéaires de photographies représentant des éléments végétaux ou des reflets sur l'eau, transformant des détails de la nature en surfaces abstraites, puis, en 1976, poursuit sa recherche sur les surfaces avec les Études de couleurs. À partir de 1977, il réalise des Constructions et des Structures, suites en demi-cercle de photos de sols, qui aboutissent à l'exécution de séquences photographiques d'espaces architecturaux, ancrées dans des surfaces abstraites dessinées, ainsi à l'abbaye de Sénanque en 1982 (Saenredam Senanque) ou au musée Guggenheim en 1986. Dibbets a participé à de nombreuses manifestations internationales (Biennale de Venise, 1972 ; Documenta de Kassel, 1972, 1977, 1982) et a fait l'objet de grandes expositions au Stedelijk Museum d'Amsterdam en 1972, au Van Abbemuseum d'Eindhoven, au M. A. M. de Paris en 1980 et 1991 (C. N. P.) ainsi qu'à Minneapolis en 1987.