James Barry
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Peintre et graveur britannique (Cork, Irlande, 1741 – Londres 1806).
Il fréquenta d'abord l'école des Beaux-Arts de Cork et, en 1763, emportant avec lui plusieurs tableaux d'histoire, partit pour Dublin, où il fit impression sur le philosophe et futur homme d'État Edmund Burke. Celui-ci l'emmena à Londres (1764), où il rencontra Reynolds et James Stuart, " l'Athénien ", qui suscitèrent son admiration. Il visita Paris en 1765, puis, de 1766 à 1770, Rome, où il étudia surtout les antiques et subit l'influence du Néo-Classicisme. De retour à Londres, il devint A. R. A. en 1772, puis académicien en 1773. Il exposa à l'Academy de 1771 à 1776 et, nommé professeur de peinture en 1782, y donna des cours, jugés tendancieux ; ses relations avec ses collègues ayant toujours été difficiles, il fut exclu de l'Academy en 1799 et dut vivre de ses gravures. Son catholicisme et l'appui qu'il apporta aux révolutions américaine et française lui aliénèrent encore la société de son temps. Il mourut dans la pauvreté.
Presque toute son œuvre est consacrée à la peinture d'histoire, d'inspiration classique (Portrait allégorique de Burke et de Barry sous les traits d'Ulysse et d'un compagnon échappant à Polyphème, 1776, Cork, Crawford Municipal Art Gal. ; Philoctète, 1770, Bologne, P. N. ; Jupiter et Junon, v. 1785, Sheffield, City Art Gal.). Il a peint également un beau tableau shakespearien, Lear et Cordelia (1786, Londres, Tate Gal.), pour la " Boydell Shakespeare Gallery ", mais la Mort de Wolfe (1776, Saint John, Canada, New Brunswick Museum) fut mal accueillie.
Son chef-d'œuvre est la série de toiles décrivant les Progrès de la civilisation, qu'il peignit de son propre chef, et pratiquement sans rétribution, pour la grande salle de la Société des arts à Londres (1777-1784). Ce cycle est considéré comme " le plus vaste ensemble réalisé par un peintre anglais du xviiie s. dans l'authentique Grand Style ".
À propos de ces toiles, Barry publia un commentaire polémique, saisissant ainsi l'occasion de condamner la façon lamentable dont le mécénat et la protection des arts étaient assurés en Angleterre et attaquant l'art du portrait, qu'il dédaignait et pratiquait rarement. Il était préoccupé par l'idée du sublime et avait lu l'essai de Burke sur le Sublime et le Beau (1757), dont on trouve un écho dans la suite destinée à la Société des arts et qui ne contredit pas l'accusation portée contre lui de confondre le sublime et les grandes dimensions. Par ses motifs et la force de son trait, son style dénote l'influence du Néo-Classicisme ainsi que celle de Michel-Ange et de Raphaël ; mais la vigueur et l'extravagance de son imagination le classent parmi les précurseurs du Romantisme.