Vosdanig Adoian, dit Arshile Gorky

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre américain (Hayotz Dzore, Arménie turque, 1904  – Sherman, Connecticut, 1948).

De son vrai nom Vosdanik Adoian, il échappe au génocide arménien et émigre aux États-Unis en 1920. Il s'installe v. 1925 à New York, étudie, puis enseigne à la Grand Central School of Art. Il se lie d'amitié avec Stuart Davis et, en 1929, avec Willem De Kooning. Son œuvre est alors fortement influencé par Cézanne (Autoportrait à l'âge de 9 ans, v. 1927, Los Angeles, coll. part.) puis surtout par Picasso, en particulier par les intérieurs d'ateliers des années 1927-28 ; il reste cependant d'une facture plus lâche et plus dynamique que les contours durs et linéaires de son modèle à cette époque : l'Artiste et sa mère (1926-1936, New York, Whitney Museum). Des allusions de formes organiques ou anatomiques, cultivant une savante ambiguïté, s'y mêlent de plus en plus volontiers, particulièrement à la fin des années 30 : Jardin à Sochi (1941, New York, M. O. M. A.). En 1942, la rencontre de Matta et deux ans plus tard celle d'André Breton et des surréalistes ont un impact décisif sur son évolution. Les techniques de l'automatisme, l'exemple de Matta et, plus encore, celui de Miró, dont il reprend les figures biomorphiques, lui permettent de trouver sa voie. C'est alors à propos de ses images allusives nées de l'inconscient comme des archétypes ou des symboles primitifs aux implications sexuelles plus ou moins évidentes que Breton prononcera le mot hybrides. Combinant la figuration et l'automatisme gestuel, Gorky peut être considéré à la fois comme un exemple ultime du Surréalisme — il est le dernier à être accepté comme membre du groupe — et le premier représentant de l'Expressionnisme abstrait (le Foie et la crête du coq, 1944, Buffalo, Albright-Knox Art Gal. ; l'Eau du moulin fleuri, 1944, New York, M. O. M. A.). Au lieu d'une peinture grasse, il use alors de lavis aux tonalités pâles, traversés par une calligraphie fluente évoquant une vie organique secrète. Un des meilleurs tableaux de cette période est le Landscape Table (1945, Paris, M. N. A. M.). Dans les dernières œuvres, les formes se font plus dures, menaçantes, acérées ou dilacérées : Agony (1947, New York, M. O. M. A.). Ce climat dramatique correspond à une série de malheurs qui s'abattent sur lui : un incendie de son atelier détruit 27 toiles en 1946 et, l'année suivante, il tombe gravement malade. Il choisit alors de se suicider en 1948. Ses œuvres sur papier (1929-1947) ont été présentées à Marseille (Vieille Charité) en 1991 et la N. G. de Washington a présenté une exposition Gorky et la naissance de l'abstraction en 1994. Une rétrospective a été présentée (Lisbonne, Fondation Gulbenkian) en 1996 et à Fort Worth, (M. O. M. A.) la même année.