Christoffer Wilhelm Eckersberg

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre danois (Blåkrog, Jutland-Sud, 1783  – Copenhague 1853).

Formé à l'Académie de Copenhague dans l'atelier de N.A. Abildgaard, il fut influencé par le Néo-Classicisme français pendant son séjour à Paris (1810-1813), où il étudia sous la direction de David (septembre 1811-juin 1813). Sa correspondance et son journal sont une précieuse source d'information sur la personnalité et l'enseignement de celui-ci. Il exécute alors des compositions historiques comme Agar et Ismaël dans le désert (1812-1813, Nivagaard Samling). Il se montre attentif aux valeurs dans certaines études d'après le modèle vivant (Étude de nu, 1813, Copenhague, S.M.f.K.). Paris et ses environs lui inspirent aussi des vues délicates : l'Orée du bois de Boulogne (1812, Copenhague, C. L. Davids Samling), les Environs de Meudon et le pont Royal (1813, Copenhague, S. M. f. K.). À Rome, où il séjourne à partir de 1813, il prend contact avec son compatriote Thorvaldsen, dont il fait un portrait monumental (1814, Copenhague, Académie royale des beaux-arts), et peint le Portrait d'une jeune femme, autrefois dit " d'Anna Magnani " (1814, Copenhague, Hirschsprungske Samling), ainsi que des tableaux d'histoire (Alcyone, 1813, Copenhague, S. M. f. K. ; le Passage de la mer Rouge, 1813-1816, id.) et surtout une belle série de vues de Rome et de ses environs, exécutées en partie sur le motif et caractérisées par un dessin précis, un luminisme raffiné et des tonalités très claires (Vue de la Voie sacrée, Copenhague, N. C. G. ; Vue prise du Colisée, la Villa Borghèse, la Villa Albani, Fontana Acetosa, Copenhague, S. M. f. K. ; la Place Saint-Pierre, le Colisée, Copenhague, musée Thorvaldsen ; la Colonnade de Saint-Pierre, Copenhague, C. L. Davids Samling). Après Valenciennes et avant Corot, il se classe parmi les interprètes les plus délicats du paysage romain. Il s'inspire aussi parfois de la vie populaire italienne (Devant la Porte sainte à Saint-Pierre, 1814-1815, Nivagaard Samling ; Carnaval romain, 1815, Copenhague, S. M. f. K.), qu'il décrit avec un goût très sûr. De retour à Copenhague en 1816, il devient membre de l'Académie en 1817, puis, en 1818, professeur, et reçoit v. 1828 la commande de tableaux illustrant l'histoire danoise pour le palais de Christiansborg, tâche qui contrarie quelque peu sa nature. En revanche, dans ses nus (Femme au miroir, 1837, Copenhague, Hirschsprungske Samling ; le Modèle, 1839, Louvre) et ses portraits (le Baron et la baronne Bille Brahe, 1817, Copenhague, N.C.G. ; Madame Lovenskjold et sa fille, 1817, Copenhague, S. M. f. K. ; la Famille Nathanson, 1818, id. ; Émilie Henriette Massmann, 1820, id. ; les Sœurs Nathanson, 1820, id.), il affirme un classicisme d'une stricte élégance. Il a laissé d'admirables paysages de la campagne et des côtes danoises, lumineux et toujours construits avec une grande netteté. Il se fit une spécialité des vues de ports et de bateaux, qu'il détailla avec une précision attestant sa parfaite connaissance de la construction des voiliers et de la navigation (Copenhague, S. M. f. K. et Hirschsprungske Samling ; Louvre). Théoricien, il publia des ouvrages sur la perspective (1833-1841). L'influence de son enseignement fut décisive sur la formation de Wilhelm Bendz, de Constantin Hansen et de Christen Købke, dont les œuvres formèrent ce qu'on a pu appeler l'âge d'or de la peinture danoise.