les De Groux

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintres belges.

Charles (Comines 1825  – Bruxelles 1870). Élève de Navez à l'Académie de Bruxelles, il travailla également à l'Académie de Düsseldorf (1851) ; après avoir exécuté des compositions illustrant le Romantisme historique, alors en vogue, il suivit la leçon de Courbet et se tourna vers un réalisme (l'Ivrogne, 1853, Bruxelles, M. R. B. A.) auquel il resta fidèle jusqu'à la fin de sa carrière et qu'il contribua à imposer en Belgique. Dans un style sobre, aux tonalités assourdies, il a représenté avec sympathie paysans et ouvriers, en attirant l'attention sur la dureté de leur condition (le Brûloir de café, musée d'Anvers), mais sans accent de revendication politique. Il a exécuté également des toiles d'inspiration religieuse (le Bénédicité, Bruxelles, M. R. B. A. ; Pèlerinage à Saint-Guidon, à Anderlecht, 1857, id.), où les emprunts à Leys sont nets. Son influence s'est fait sentir sur les peintres de la Bande noire, sur Constantin Meunier, et certains aspects de ses thèmes se sont prolongés jusque dans l'Expressionnisme flamand. De Groux fut l'illustrateur de Charles De Coster (la Légende d'Ulenspiegel). Il est bien représenté dans les musées de Bruxelles, d'Anvers et de Tournai, ainsi qu'au musée d'Orsay (le Bénédicité, l'Ivrogne, la Mère de l'artiste).

Henri (Bruxelles 1867 – Marseille 1930). Fils de Charles, il débuta au cercle d'art l'Essor (1886). Membre des Vingt en 1887, il en est exclu en 1890 pour son attitude injurieuse envers Van Gogh et Lautrec. Il se lia avec Degouve de Nuncques, avec qui il partagea souvent le même atelier. En 1892, il connut un vif succès à Paris avec un Christ aux outrages (Avignon, palais du Roure), en dépit de la composition touffue et de l'accent déclamatoire de ce tableau. À Paris en 1892, il se lia avec Verlaine, Heredia, Louÿs et surtout Léon Bloy. Son inspiration fut largement tributaire du symbolisme littéraire (cycles peints de la Divine Comédie, de la Tétralogie de Wagner), avec des aspects de revendication sociale (le Grand Chambardement, 1893). Il a exécuté de nombreux portraits, d'assez mince mérite, des lithographies, des eaux-fortes ainsi que des sculptures. Son existence, spectaculaire, de bohème impénitent et le caractère étrangement inactuel de son œuvre font de lui un des derniers romantiques. Il passa la fin de sa vie en Provence (Avignon, Vernègues, Marseille) et est abondamment représenté au palais du Roure, à Avignon. Il exécuta deux grandes compositions pour l'escalier de l'Opéra de Marseille.