Bernardo Daddi

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre italien (Florence v. 1300  – id. 1348).

Inscrit en 1327 au registre de la corporation des " Medici e Speziali ", il est conseiller de la compagnie de Saint-Luc en 1339. Il a signé et daté de nombreuses œuvres entre 1328 et 1348 (il est mort avant le 18 août de cette année).

Dans la première d'entre elles, le triptyque avec la Vierge à l'Enfant entre les saints Matthieu et Nicolas (Offices) signé et daté de 1328, et dans les fresques représentant le Martyre de saint Étienne et celui de saint Laurent (Florence, S. Croce, Chapelle Pulci-Berardi), il montre une vivacité narrative incontestable, malgré une composition désordonnée et une palette aride qui ne reflète encore rien des effets chromatiques alors recherchés par Giotto et ses disciples les plus doués. En fait, le niveau de ses qualités se rapproche davantage de celui d'artistes mineurs comme Jacopo di Casentino ou le Maître de la Chapelle de Saint-Nicolas d'Assise que de celui de Maso di Banco, de Pietro ou d'Ambrogio Lorenzetti. Pourtant, dans le petit triptyque, très raffiné, du Bigallo (Florence, 1333), composé notamment de la Vierge à l'Enfant sur un trône avec des donateurs, des anges et des saints, d'une Nativité et d'une Crucifixion, il fait preuve d'une assimilation plus profonde des éléments stylistiques de la dernière période de l'atelier de Giotto (probablement de retour de Naples, précisément cette même année). On y retrouve en effet comme des échos du goût pictural analytique et de la subtile tendance au Gothique de Giotto à l'époque du Polyptyque Stefaneschi ainsi que de la nouvelle ampleur de l'organisation spatiale de Maso di Banco. À ce moment de son évolution stylistique, Bernardo Daddi semble avoir déjà dépassé la première phase du peintre qui, dans sa jeunesse, paraît lui avoir été le plus proche, le Maître de San Martino alla Palma.

Dans ses œuvres de maturité, tel le grand polyptyque avec la Madone à l'Enfant sur un trône avec des anges et des saints (à la prédelle, 7 Scènes de la vie de la Vierge), peint pour S. Pancrazio (Offices), et dans celles de la dernière période, comme le polyptyque à 5 panneaux représentant la Madone à l'Enfant sur un trône, les saints Pierre, Jean l'Évangéliste, Jean-Baptiste et Matthieu (1344, Florence, S. Maria Novella) et la célèbre Madone en majesté (1347, Florence, Orsanmichele), Bernardo Daddi réussit à sa manière à se tenir au niveau des nouveautés apportées par l'art de Maso, de " Stefano " et des Lorenzetti — bien qu'il ait souvent tendance à recourir à l'interprétation plus facile qu'en proposait Taddeo Gaddi — en utilisant au mieux ses dons personnels de narrateur (predelle avec des Scènes de la vie de saint Pierre martyr, partagées entre les musées de Berlin, de Poznań, de Yale et des Arts décoratifs à Paris) et en enrichissant ses œuvres d'une profusion de détails ornementaux. Durant cette seconde période de la carrière de B. Daddi se formaient, mais avec une plus profonde compréhension des recherches spatiales de Maso, les jeunes Puccio di Simone (le Maître du Retable de Fabriano) et Allegretto Nuzi, qui prolongèrent quelques caractères de son style jusque dans la seconde moitié du siècle.