Clovis Trouille
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Peintre français (La Fère, Aisne, 1889 – Neuilly-sur-Marne 1975).
Après des études à l’École des beaux-arts d’Amiens, il exécute un flatteur et appliqué Autoportrait (1908) ainsi qu’un étonnant Palais des merveilles (1907), baraque foraine où un M. Loyal, qui est sans doute le peintre, fait parader d’affriolantes créatures aux seins nus dont l’une est coiffée d’une mitre d’évêque, telle autre d’une chéchia, d’un tricorne, d’un casque de pompier à plumet tricolore... Sept années sous les drapeaux l’amènent, comme il le dit lui-même, « le cœur plein de rage » à Remembrance, où l’Église, sous la forme d’un évêque androgyne exhibant sous sa cape des jarretières et des bas de soie, bénit l’horreur de la guerre tandis que, du haut des cieux, le sexe d’une femme-serpent sème des décorations. Tant de fureur enchanta les surréalistes, qui le découvrirent au Salon des artistes et des écrivains révolutionnaires en 1930, sans que Clovis Trouille s’inféode au mouvement. Il continue tranquillement son œuvre, où la mort est grotesque (Mes funérailles) mais non moins redoutable et omniprésente, les femmes aguichantes et à l’occasion ayant à le regretter (la Violée du vaisseau fantôme), les moines paillards, les officiels imbéciles et les religieuses fort aimables (la Partouze). Il attendit 1947 pour participer à l’exposition internationale surréaliste de la gal. Maeght, et 1963, pour avoir sa première exposition particulière à la gal. Cordier, année où son Naufrage de la Méduse entrait dans les collections du M. N. A. M. de Paris.
La postérité n’a guère retenu de lui qu’un nom qu’on prend à tort pour un pseudonyme. Il faut aller chercher dans des collections particulières ses toiles qui probablement, autant qu’au surréalisme, doivent aux métiers longtemps exercés par Clovis Trouille, entre autres celui, pendant trente-cinq ans, de maquilleur-retoucheur chez un fabricant de mannequins.