Jean Bazaine

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre français (Paris 1904-Clamart 2001).

Licencié ès lettres, il entre à l'École des beaux-arts dans l'atelier de Landowski pour étudier la sculpture, qu'il pratiquait depuis son enfance, mais il commence aussi à peindre et se consacre entièrement à la peinture dès 1924. Il participe au Salon d'automne à partir de 1931 et fait sa première exposition particulière en 1932. Bonnard la visite et l'encourage. Il s'écarte bientôt de la transcription naturaliste, mais maintient le contact avec la réalité pour atteindre à une intériorisation de ses sensations. Pendant la guerre, afin de regrouper les peintres de sa génération, il participe à l'organisation de la première exposition " d'avant-garde " sous l'Occupation. Cette exposition-manifeste devait se tenir à la gal. Braun en mai 1941, sous le titre volontairement frondeur de " Vingt Jeunes Peintres de tradition française ". La même année, il expose à la gal. Jeanne Bucher et ensuite, de 1942 à 1948, à la gal. Louis Carré, en compagnie principalement de Lapicque (1898), d'Estève et de Jacques Villon. Entre-temps, Bazaine avait affirmé sa démarche picturale et développé les caractères d'une non-figuration mettant en évidence les grands signes essentiels de la nature et ses structures intérieures dans de vastes compositions rythmiques (Vent de mer, 1949, Paris, M. N. A. M. ; Orage au jardin, 1952, Eindhoven, Van Abbemuseum ; la Terre et le Ciel, 1950, Saint-Paul-de-Vence, fondation Maeght ; Dans l'arbre ténébreux, 1962, Oslo, Sonja Henie-Niels Onstad Foundations). Cette tendance non figurative est fondamentalement différente du principe de l'Art abstrait, dont Bazaine a fait le procès dans ses Notes sur la peinture d'aujourd'hui, publiées à Paris en 1948. Soucieux de perfection, Bazaine élabore lentement chacune de ses peintures, que précèdent souvent de nombreux dessins et des notations de valeurs colorées. Il a réalisé d'importantes compositions monumentales, qui, à l'exception de la grande mosaïque du bâtiment de l'Unesco à Paris, terminée en 1960, et de celles du paquebot France (1961) et de la Maison de la radio (1963), ont enrichi le domaine de l'art sacré : vitraux pour l'église d'Assy (1943-1947), mosaïque de la façade (1951) et vitraux (1954) de l'église d'Audincourt, pour l'église de Villeparisis, pour un centre d'accueil à Noisy-le-Grand (1958) et pour l'église Saint-Séverin à Paris (1965-1969). En 1965, le M. N. A. M. lui a consacré une rétrospective. Son travail à Saint-Guénolé (Finistère) a donné à Bazaine les moyens d'une organisation plus libre entre les formes et la lumière. Bazaine a aussi conçu pour la tapisserie, en 1975, ses Blasons des douze mois. Le centre Pompidou lui a consacré une exposition en 1990 et le musée de Fribourg (Suisse) en 1996.

Bazaine a réalisé des cartons pour les vitraux du chœur de la cathédrale de Saint-Dié ; ce travail à peine achevé a été suivi par un décor en lave émaillée au palais du Luxembourg et à la station du métro Cluny-La Sorbonne (1983-1988). Ses écrits depuis 1938, le Temps de la peinture, ont été publiés en 1990. Bazaine a entrepris de nouveaux travaux avec des papiers découpés (Plongeurs au couchant, 1993).