Armando

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre néerlandais (Amsterdam 1929 – Potsdam 2018).

Après des études d'histoire de l'art à l'université d'Amsterdam, Armando trouve dans l'œuvre d'artistes comme Karel Appel ou Constant un intérêt pour la spontanéité et le caractère informel de leur peinture. Cette attirance pour un art gestuel non figuratif se marque dans les Peintures criminelles, à partir de 1954, travaillées avec une matière épaisse. Forte d'un contenu symbolique, l'œuvre d'Armando est le lieu d'évocation d'une orientation existentielle de la peinture, bien présente dans des séries comme les Espaces criminels (1956), peintures monochromes traitées avec du sable ou, à partir de 1959, les Paysages criminels. Il faut noter le caractère dramatique de ces paysages, lié au souvenir profondément ancré chez l'artiste, de la présence, près de l'habitation de son enfance, du camp de concentration d'Amersfort.

Membre en 1958-1960 du Groupe informel néerlandais, puis en 1960 du Groupe nul, il exécute des œuvres monochromes en relief, sortes de paysages blindés où, sur des panneaux de tôle rectangulaires, sont enserrés des boulons ou des fragments de barbelés, réalisations plastiques de l'acceptation par l'artiste de la réalité, qui se manifeste également dans la création d'environnements (Eau noire, 1964, Gemeentemuseum de La Haye).

Après s'être retiré du Groupe Nul en 1965, une interruption de sa production lui permet, quand il recommence à dessiner en 1967, puis à peindre en 1971, de renouer avec son langage pictural des années 1950 dans des œuvres monochromes chargées de sable, de petit ou de grand format en longueur, souvent composées en diptyque ou en triptyque. Tout un travail sur la ligne, réalisé dans des séries graphiques, se retrouve dans des séries de paysages empreints d'une grande force expressive, lieu du rapport entre la nature et l'être humain (l'Ennemi en marche, 1978-79, Centraal Museum, Utrecht). À travers des superpositions dynamiques de blanc et de noir, ce sont soit des masses compactes (l'Inspection du champ de bataille, 1980-1982; Drapeau, 1982), soit de grands enchevêtrements de lignes (Observation de l'ennemi, 1980) qui se répandent sur la surface du tableau. Ces paysages dramatiques se veulent témoins de l'agression que l'homme dans sa violence fait subir à la nature dans la cadre du combat (Champ de bataille, 1987 ; Paysage coupable, 1987). C'est cette même évocation du désastre dans l'espace de la nature qu'Armando avait exécutée au début des années 1970 dans des photographies retravaillées au dessin (le Soldat inconnu, 1974). Plus récemment, la photographie sert de support au thème du travail de l'histoire grâce à la réutilisation de petits portraits anciens (Notes sur le passé, 1980).

Depuis 1979, Armando vit et travaille à Berlin. L'œuvre de l'artiste, qui a fait l'objet d'expositions rétrospectives au Stedelijk Museum d'Amsterdam en 1974 et 1981, à l'Institut néerlandais de Paris, en 1984, et au musée de Bourg-en-Bresse en 1988, est également représentée dans les principaux musées néerlandais. Une nouvelle exposition lui a été consacrée (Bonn, Kunstmuseum) en 1996.