Altichiero

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre italien (Vérone, seconde moitié du xiv e s. ).

Les rares documents concernant sa vie et ses œuvres (de 1369 à 1384) couvrent une période trop courte pour suffire à renseigner sur une carrière qui fut féconde et s'exerça presque exclusivement dans le domaine de la fresque à Padoue et à Vérone. Il est par contre bien documenté par les sources littéraires. Altichiero, qui certainement étudia longuement les fresques de Giotto à Padoue, a également subi l'influence de l'école giottesque transplantée en Lombardie vers le milieu du xive s. et celle de l'école émilienne de Tommaso da Modena.

Son nom reste surtout attaché à deux cycles de fresques qui comptent parmi les plus importants de l'Italie du Nord à cette époque : les Scènes de la vie de saint Jacques (Padoue, basilica del Santo, chapelle S. Felice) et les Scènes de la vie du Christ, de saint Georges, de sainte Lucie et de sainte Catherine (Padoue, oratorio di S. Giorgio). Certains auteurs voient dans un peintre peu connu, Jacopo Avanzi, le collaborateur d'Altichiero. En effet, certaines différences stylistiques permettent de supposer que, si Altichiero conçut seul ces fresques, il se fit aider cependant pour leur exécution. Dans ces deux cycles, il déploie un véritable génie de conteur naturaliste ; il compose magistralement les scènes (grande Crucifixion, basilica del Santo), orchestrant savamment espace et personnages ; en même temps, observateur pénétrant, il décrit avec acuité les visages et les costumes, dépeint avec finesse les gammes de sentiments. Son emploi de couleurs variées et du clair-obscur est caractéristique de la culture du nord de l'Italie. De son activité véronaise, il ne subsiste que la fresque du Tombeau Cavalli (Vérone, église S. Anastasia), exécutée probablement peu av. 1390, après son retour de Padoue, et dans laquelle les nobles chevaliers, comme pour l'hommage féodal, sont représentés agenouillés devant le trône de la Vierge. On lui attribue aussi la décoration de la loggia de l'actuel Palais de la province (autrefois Palazzo Scaligero), figurant des têtes monochromes d'empereurs et d'impératrices romains.

Altichiero fut l'un des derniers et des plus subtils représentants du trecento, dont il concrétisa les grandes inspirations avant que n'éclose à Vérone le Gothique international sous l'impulsion de Stefano da Verona qui fut sans doute formé auprès de miniaturistes lombards, et de Pisanello.