le Char de foin

Triptyque de Jérôme Bosch (1500-1502). Huile sur panneaux de bois, 135 x 100 cm. Musée du Prado, Madrid.

Le triptyque, dit du Char de – ou à – foin, est la première grande allégorie satirique et moralisante de Jérôme Bosch qui nous est parvenue.

Le panneau central, le Char de foin, est encadré, à gauche, du Péché originel, à droite, de l'Enfer. Le triptyque refermé représente le Chemin de la vie. Chacune des scènes secondaires se développe sur plusieurs plans évoquant ainsi l'histoire de l'humanité, du péché originel aux châtiments de l'enfer. La scène principale invite à la méditation sur la folie humaine.

L'origine du thème serait à chercher dans un proverbe flamand : « Le monde est comme un chariot de foin, chacun en attrape ce qu'il peut. » Ce chariot, tiré par des êtres à tête d'animaux – faut-il y voir les masques du carnaval ou une transformation en cours ? – serait ainsi le symbole des biens terrestres.

Sur le char, trônent la luxure et la vanité, attisées par le Diable, que la tradition populaire disait sortir d'une cruche pendant le sabbat des sorcières. Le cortège qui suit est composé de toutes les classes de la société. Les puissants de ce monde, roi, empereur, pape, mais aussi les religieux, sont en marche vers leur perdition. Dans la partie supérieure, le Christ apparaît parmi les nuages, dans le disque solaire, pendant que se déroule la lutte de l'ange et du démon.

L'œuvre témoigne d'une réflexion et d'une vision personnelles de l'artiste, entré vers 1486 dans la Confrérie Notre-Dame. Elle s'enracine dans un contexte socioreligieux tourmenté qui avait vu, en 1468, brûler des sorcières en place publique, et quelques années plus tard, débuter les grandes persécutions contre les magiciens.

Ce triptyque représente un sommet de l'art de Bosch : ses innovations chromatiques et la transparence de ses fonds transforment cette traditionnelle iconographie gothique empreinte de mysticisme.