le Barbier de Séville
ou la Précaution inutile
Comédie en 4 actes et en prose de Beaumarchais (Théâtre-Français, 1775).
Comme le suggère le sous-titre de la pièce, un jeune amoureux arrache par la ruse la femme qu'il aime des mains d'un barbon jaloux : grâce à Figaro, le comte Almaviva enlève la jeune Rosine à son vieux tuteur, Bartholo. La trame n'est pas neuve mais la verve fait mouche.
Morceaux choisis
Acte I, scène 2 :
Figaro […] fatigué d’écrire, ennuyé de moi, dégoûté des autres, abîmé de dettes et léger d’argent ; à la fin, convaincu que l’utile revenu du rasoir est préférable aux vains honneurs de la plume, j’ai quitté Madrid ; et, mon bagage en sautoir, parcourant philosophiquement les deux Castilles, la Manche, l’Estramadure, la Sierra-Morena, l’Andalousie, accueilli dans une ville, emprisonné dans l’autre, et partout supérieur aux événements : loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là […] ; riant de ma misère, et faisant la barbe à tout le monde, vous me voyez enfin établi dans Séville, et prêt à servir de nouveau Votre Excellence en tout ce qu’il lui plaira de m’ordonner.
le comte Qui t’a donné une philosophie aussi gaie ?
Figaro L’habitude du malheur. Je me presse de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer.
Acte II, scène 8 :
Bazile […] Telle bouche le recueille, et piano, piano, vous le glisse en l’oreille adroitement. Le mal est fait ; il germe, il rampe, il chemine, et rinforzando de bouche en bouche il va le diable ; puis tout à coup, ne sais comment, vous voyez Calomnie se dresser, siffler, s’enfler, grandir à vue d’œil ; elle s’élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient, grâce au Ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription.
MUSIQUE
Cette comédie a inspiré un opéra bouffe dont Rossini a écrit la musique, et qui fut créé à Rome en 1816.