la Vénus au miroir
Peinture de Diego Vélasquez (1650).
Divers inventaires attestent que Vélasquez a peint plusieurs nus féminins, mais le seul qui nous soit parvenu est la Vénus au miroir. Ce tableau fut probablement réalisé en 1650, au cours du second voyage du peintre en Italie, et l'influence de Titien y est très sensible. Certains critiques ont contesté que la toile fût entièrement de la main du maître : par-delà quelques ombres qui révéleraient des repeints, ou la présence de l'Amour, qui aurait été rajouté, c'est le reflet dans le miroir qui focalisait l'attention ; les traits un peu lourds renvoyés par le miroir semblaient en désaccord avec la finesse du corps idéalisé. La simplicité et la cohérence de la composition contredisent ces hypothèses. Si l'on se rappelle que dans la bibliothèque de Vélasquez figuraient des ouvrages d'iconologie, mais aussi des Aurores de Diane et des livres sur la poétique et la philosophie antiques, il paraît naturel que, s'inspirant des maîtres vénitiens, eux-mêmes imprégnés de culture humaniste et néoplatonicienne, le peintre représente le mythe fondamental de Vénus et d'Éros dans une évocation épurée au subtil et discret symbolisme du miroir, source où naît l'amour qui dénoue les chaînes liant l'âme au corps – ici des rubans roses – mais qui est aussi « le nœud et le lien perpétuels de l'univers » (Marsile Ficin).
En 1914, ce nu fut lacéré à la hache par une féministe anglaise, Mary Richardson, en signe de protestation contre les vexations infligées au mouvement des suffragettes. Il a fait l'objet d'une minutieuse restauration en 1966.