la Société ouverte et ses ennemis

Ouvrage de réflexion philosophique de Karl Popper (1945).

Écrit pendant la Seconde Guerre mondiale, cet ouvrage rassemble les réflexions de Popper sur les raisons non historiques qui ont conduit à un tel affrontement.

La société ouverte est celle qui « libère les capacités critiques de l'homme » ; elle s'oppose aux sociétés totalitaires, closes ou tribales, « soumises à des forces magiques » puisque ne recherchant pas par la rationalité le moyen d'établir liberté et égalité entre les humains. Cette distinction provient, selon Popper, d'un mauvais usage de la rationalité dans les sciences sociales, lequel trouve ses racines dès la plus haute Antiquité, dans la notion de devenir chez Héraclite. Mais c'est Platon qui, le premier, propose un programme politique dont le totalitarisme, avec son roi-philosophe, se solde par de cuisants échecs dans ses tentatives d'application à Syracuse par les Denys. Il s'appuie sur le fait que l'accès aux Idées (Bien, Justice, etc.) est réservé à une élite. Seul cet aspect de l'intellectualisme platonicien est mis en cause par Popper, et non la « probité intellectuelle » de Socrate.

Au modèle fondant l'autorité sur la connaissance vont succéder les modèles prophétiques de Hegel et de Marx. L'histoire alors est conçue comme soumise à des lois dont la régularité, trop tôt érigée en dogme, suffit à déterminer totalement la société, ses classes, son régime économique, et de proche en proche les valeurs et les intérêts humains.

Les défauts que Popper décèle dans ces systèmes rationalistes n'entament pourtant pas sa croyance en la raison. Son plaidoyer pour un « faillibilisme critique » a pour but de comprendre et d'évaluer les systèmes de pensée et leurs sources, afin de « susciter des révolutions non par la violence et par la guerre, mais grâce à la discussion critique », avec le pluralisme pour garant de la recherche du bonheur humain.