Réflexions sur la puissance motrice du feu

Publication scientifique de Sadi Carnot (1824).

L'approche très originale de Carnot s'inscrit dans le cadre de l'évolution technique très rapide des engins à vapeur, à la fin du xviiie et au début du xixe s., en particulier avec James Watt (condenseur, double effet, régulateur à boules…). Le texte de Carnot, encore assujetti à l'hypothèse du calorique, signe cependant l'acte de naissance de ce qu'on appelle aujourd'hui le second principe de la thermodynamique. En effet, l'idée centrale de Carnot, associée au modèle du moteur hydraulique, est que la production de puissance par les machines thermiques ne peut être obtenue que si la chaleur est véhiculée d'un corps chaud (la chaudière) à un corps froid (le condenseur ou l'atmosphère). Il souligne alors que le rendement est d'autant meilleur que la différence de température est plus grande et que le paramètre significatif dans ces questions est bien la chute de température. La question du rendement, dans le cadre théorique original de Carnot, se trouve, par là même, abordé sous un jour tout à fait nouveau, qui s'imposera d'ailleurs assez difficilement à l'ensemble de la communauté scientifique. C'est, pour l'essentiel, Clapeyron qui tirera, en 1834, le texte de Carnot de l'oubli en publiant son Mémoire sur la puissance motrice de la chaleur avant les importants travaux de Rudolf Clausius et de William Thomson alias lord Kelvin.