Portrait de Nelly O'Brien

Peinture de sir Joshua Reynolds (v. 1760-1762). Wallace Collection, Londres.

En 1759, Reynolds réalise le portrait de miss Kitty Fisher, courtisane réputée. La pose très simple, les bras croisés mettant en valeur le mantelet de tulle et les manchettes de guipure, sera reprise dans de nombreux portraits de cette époque et, notamment, dans celui de Nelly O'Brien, peint entre 1760 et 1762. Au luxe recherché et citadin, évoqué entre autres par le collier de perles à trois rangs de miss Kitty Fisher, se substituent chez Nelly O'Brien une douceur et un raffinement nouveaux. Le luxe se fait discret – un simple rang de perles, des manchettes à deux volants. La douceur soyeuse de la jupe matelassée qui occupe plus du tiers de la toile, la présence du petit chien – qui renvoie au subtil portrait de lady Charles Spencer de 1767 – imposent une sorte de distance silencieuse et respectueuse entre le spectateur et la jeune femme.

La frontalité absolue, loin de donner de la brutalité à la physionomie, lui confère une vérité et une présence uniques. À la courbe ovale du visage ombré par le chapeau à large bord répond la courbe lumineuse du décolleté dessinée par le mantelet de dentelle noire.

Courtisane, certes, mais sensible, intelligente, raffinée, Nelly O'Brien, loin des scandales de la ville et de son agitation, incarne le charme féminin de la vie intérieure et de la douceur de vivre.