Portrait de François Ier

Tableau de Jean Clouet (musée du Louvre, Paris).

Ce portrait d'apparat a été peint à l'huile sur un panneau de chêne de 96 cm sur 74 cm. Ces dimensions, qui répondent à une volonté de monumentalité, renvoient au portrait royal qui a manifestement servi de modèle à celui-ci, le Portrait de Charles VII par Fouquet (ver 1450) et où l'on retrouve le même cadrage du modèle à mi-corps, la tête de trois quarts, les mains posées à l'avant du tableau. Des examens de laboratoire ont attesté la présence d'une sous-couche d'argent sous la laque rouge du damas devant lequel est représenté François Ier. L'élégant chapeau à plumes, le somptueux pourpoint noir et blanc brodé d'or à crevés retenus par de délicates aiguillettes, le chatoyant manteau de satin et le collier de l'ordre de Saint-Michel manifestent le haut rang du modèle, dont la qualité royale est, elle, signifiée par les couronnes fleurdelisées de la tenture. Cependant, le monarque regarde le peintre, et donc les spectateurs - ses sujets ou les princes étrangers amenés à contempler ce tableau officiel - avec bienveillance. La ressemblance au modèle est incontestable et sans flatterie, si l'on en croit d'autres portraits, comme celui par Joos Van Cleve (Museum of Art de Philadelphie) ou celui par Titien (1538, musée du Louvre) où l'on retrouve le même nez prononcé, le même menton arrondi percé d'une fossette disparaissant sous la barbe, la même sensualité de la bouche.

Les historiens d'art ont longtemps été divisés sur l'attribution de ce tableau à Jean ou à François Clouet. Certains y ont même vu la participation de l'hypothétique frère de Jean, Polet. Selon Charles Sterling, Jean aurait peint le visage, tandis qu'il faudrait reconnaître dans la gracieuse position des mains la participation de François. Dans François Ier par Clouet (1996), publié à l'occasion d'une exposition consacrée à ce portrait par le musée du Louvre, Cécile Scailliérez le rapproche d'une étude de visage à la pierre noire et à la sanguine du musée Condé de Chantilly attribuée à Jean Clouet. Tout désigne ce dessin comme une esquisse préparatoire de ce tableau : même position du visage, même chapeau, même échancrure de la chemise, et surtout même expression souriante, rendue par le même modelé fondu. Une telle parenté plaide donc pour une attribution du tableau à Jean Clouet. Mais tandis que Cécile Scailliérez, sans certitude absolue, penche pour une datation autour de 1530, Étienne Jollet, lui, situe le tableau vers 1525.