Manifeste technique de la sculpture futuriste
Texte théorique d'Umberto Boccioni (1912).
Écrit en 1912 par le sculpteur et peintre Umberto Boccioni, ce texte marque avec éclat la rupture avec l'art du siècle passé. « La sculpture, telle qu'elle nous apparaît dans les monuments et dans les expositions d'Europe, nous offre un spectacle si lamentable de barbarie et de balourdise que mon il futuriste s'en éloigne avec horreur et dégoût. […]
1. La sculpture se propose la reconstruction abstraite et non la valeur figurative des plans et des volumes qui déterminent les formes.
2. Il faut abolir en sculpture, comme dans tout autre art, le sublime traditionnel des sujets.
3. Il faut détruire la prétendue noblesse, toute littéraire et traditionnelle, du marbre et du bronze et nier carrément que l'on doive se servir exclusivement d'une seule matière pour un ensemble sculptural. Le sculpteur peut se servir de vingt matières différentes, ou davantage, dans une seule œuvre, pourvu que l'émotion plastique l'exige. Voici une petite partie de ce choix de matières : verre, bois, carton, ciment, béton, crin, cuir, étoffe, miroirs, lumière électrique, etc.
4. Il faut proclamer à haute voix que dans l'intersection des plans d'un livre et les angles d'une table, dans les lignes droites d'une allumette, dans le châssis d'une fenêtre, il y a bien plus de Vérité que dans tous les enchevêtrements de muscles, dans tous les seins et toutes les cuisses de héros et de Vénus qui enthousiasment l'incurable sottise des sculpteurs contemporains. »