Léonore

Ouverture d'opéra de Ludwig van Beethoven (1805, Vienne).

Léonore est le titre qui désigne les ouvertures successives de Fidelio, opéra lui-même appelé, dans ses premières versions, Léonore. La version de 1814, avec son titre définitif (Fidelio), fut pourvue d'une nouvelle ouverture, simple introduction symphonique.

Trois versions. Il existe en effet trois versions de Léonore : cette abondance laisse entrevoir les difficultés que Beethoven rencontra dans la réalisation de son unique œuvre lyrique, l'incompréhension du public et son acharnement à en venir à bout.

La première version (Léonore I, op. 138), écrite en 1803, ne fut jamais jouée du vivant de Beethoven. Elle ne fut publiée qu'en 1830, trois ans après la mort du compositeur. Celui-ci n'en était pas satisfait, et les versions ultérieures nous confirment cette opinion.

Léonore II (op. 72a) fut jouée en ouverture à la création de l'opéra, en 1805. Trop rarement jouée depuis, elle contient des citations au grand air de Florestan, « In des Lebens Frühlingstage ». Les contemporains la jugeaient trop difficile. Ainsi, Luigi Cherubini, présent à la première, aurait dit n'avoir pu saisir en quelle tonalité elle avait été écrite.

Léonore III (op. 72b) constitue un hymne à la liberté ; composée en 1806 après la première révision de l'opéra, cette troisième version est de loin la plus célèbre et la plus souvent interprétée en concert. Son thème principal, exposé après une ample introduction lente, fait l'objet de grands développements thématiques typiquement beethovéniens, avant la réexposition puis un nouveau retour dans la coda.

Des ouvertures de plus en plus autonomes. Les ouvertures de Léonore manifestent l'affirmation d'une tendance en gestation depuis le milieu du xviiie s. : l'autonomie de plus en plus grande acquise par ces morceaux symphoniques à l'égard de l'œuvre lyrique à laquelle ils sont associés. Dans le cas qui nous occupe, en raison des circonstances de leur création, cette autonomie paraît presque involontaire, puisque les différentes versions de Léonore ont finalement été privées de leur destination première, celle d'une introduction orchestrale. C'est aussi le cas des autres ouvertures de Beethoven, associées soit à des musiques de scène, comme Egmont (1809-1810), soit au théâtre (Coriolan, 1807) : ces spectacles ne sont plus guère joués, mais les ouvertures font partie du répertoire symphonique.

Les trois Léonore, et particulièrement la dernière, qui dure environ un quart d'heure, ont par leur structure le caractère de petites symphonies en un seul mouvement. Elles préfigurent le genre du poème symphonique, tout en caractérisant l'atmosphère instrumentale de l'opéra.