Discours sur les sciences et les arts
Ouvrage de Jean-Jacques Rousseau (1750), sur un sujet proposé par l'académie de Dijon.
Rousseau y répond par la négative à la question mise au concours par l'académie de Dijon : « Si le rétablissement des sciences et des arts a contribué à épurer les mœurs. » Les faits montrent que la dépravation accompagne la civilisation : témoin la société du xviiie s., l'Égypte, la Grèce et la Rome antiques. À l'inverse, les Perses, les Scythes, les Germains, Sparte furent forts parce qu'ennemis du progrès des lettres et des sciences, et de leur reproduction. Rousseau énumère les faits confirmant cette thèse. Chaque science, chaque art est né d'un vice : l'astronomie, de la superstition ; l'éloquence, de l'ambition et du mensonge ; la géométrie, de l'avarice ; la physique, de la curiosité ; tous de l'orgueil. Ils entretiennent l'oisiveté, et la lecture nous éloigne du réel. L'inculture primitive n'est pourtant ni possible ni souhaitable, et il faut encourager les génies, mais « la véritable philosophie » sera réalisée si nous écoutons la voix de la conscience. En lui accordant le prix, les académiciens de Dijon récompensèrent le talent vigoureux d'un homme passionnément engagé. Ce paradoxe, qui bousculait la croyance de Voltaire et des Encyclopédistes dans les « lumières » de la raison, orienta toute la carrière de son auteur.