Cinquième quatuor à cordes

Quatuor à cordes de Béla Bartók (1935, Washington).

Écrite en un mois pendant l'été 1934 à la suite d'une commande d'Elisabeth Sprague-Coolidge, célèbre mécène américain, cette œuvre se compose (tout comme le Quatrième Quatuor) de cinq mouvements : Allegro vivace, Adagio molto, Scherzo alla bulgarese, Andante, Finale.

Le plus étonnant d'entre eux est à l'évidence le troisième, où Bartók se joue, avec un art subtil et dans un tempo quasi frénétique, des inégalités rythmiques les plus complexes (thèmes à 9/8, puis trio à 10/8). Les deux mouvements lents sont remarquables par leur atmosphère statique, quasi irréelle, assez voisine des extraordinaires élégies nocturnes que constituent les adagios de ses deuxième et troisième Concertos pour piano. Quant au finale, il révèle le souci d'unité du musicien qui reprend, comme dans le Quatrième Quatuor, les dernières mesures du mouvement initial, mais il demeure surtout un magistral exemple de mise en œuvre des techniques contrapuntiques les plus raffinées. L'œuvre, d'essence dramatique, porte en elle les tensions qui pesaient alors sur l'Europe.