hospitalité

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Vertu antique.

La notion d'hospitalité est très importante et remonte à l'époque mycénienne, puisqu'elle est présente dans les œuvres homériques, et nombreux sont les témoignages mythologiques qui en font état. Le lien créé entre les deux hôtes est fort, sacré et engage moralement les deux parties. Le roi de Tirynthe Proétos ne peut mettre à mort Bellérophon, qu'il a reçu chez lui, même s'il le croit coupable d'avoir attenté à la pudeur de sa femme : « Chez vous, tuer un hôte ne compte sans doute pas ; chez nous, qui sommes grecs, c'est un acte honteux. »

Les relations d'hospitalité sont héréditaires : ainsi, lorsque les adversaires Glaucos et Diomède apprennent que leurs ancêtres ont noué de tels liens, non seulement ils cessent le combat, mais ils s'échangent des cadeaux. Souvent l'hôte offre à son protégé un signe de reconnaissance (symbolon) – à l'origine, moitié d'anneau, demi-pièce de monnaie –, que ce dernier peut ensuite remettre à ses descendants. Si l'hôte s'engage à offrir protection, nourriture, logement à celui qu'il reçoit, l'invité est tenu de respecter les mêmes lois sacrées : la violation la plus célèbre est sans conteste celle de Pâris : reçu par le roi de Sparte Ménélas, le Troyen lui ravit son épouse Hélène ! Les manquements aux lois sacrées de l'hospitalité, les abus, dans l'un et l'autre sens, sont considérés comme des crimes, car un sacrilège est alors commis à l'encontre de Zeus Xénios, mais aussi d'Hestia, divinité du foyer, près duquel le suppliant peut se réfugier. Face à Polyphème chez qui il est entré, l'avisé Ulysse n'imagine pas que ces lois puissent être enfreintes et il lui tient ce discours : « Nous voici maintenant chez toi, à tes genoux, espérant recevoir ton hospitalité et quelqu'un des présents, que l'on se fait entre hôtes. Crains les dieux, brave ami ! tu vois des suppliants : Zeus se fait le vengeur du suppliant, de l'hôte ! Zeus est l'Hospitalier, qui amène les hôtes et veut qu'on les respecte ! » Mais Polyphème, le Cyclope, se moque bien des dieux !

À côté de cette hospitalité privée, il existe une hospitalité publique, régie d'État à État par des conventions. Les grandes cités possèdent un établissement dont elles offrent les appartements aux étrangers, qu'ils soient simples touristes, citoyens ou magistrats. Le droit d'hospitalité se confond avec celui d'asile, lorsque le demandeur recherche une protection particulière, en se réfugiant dans une cité ou dans un sanctuaire.

Voir aussi : Asile

Dans le monde romain, il semble que la notion d'hospitalité soit également attestée, mais dans un cadre non plus religieux, mais juridique (ius hospitii). Sur des tablettes de métal ou d'ivoire est inscrit le nom des personnes susceptibles d'offrir l'hospitalité à qui les détient. Par ailleurs, l'hospitalité est due aux fonctionnaires en déplacement dans une ville étrangère.