Phénix

(Variantes : Phœnix, Phoenix)

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

1. Frère de Cadmos.

Lorsque Europe est enlevée par Zeus, son père Agénor demande à Phénix, le frère de Cadmos, de partir à la recherche de sa sœur. Sa quête se solde par un échec. Après avoir traversé la Libye, Phénix s'établit en Asie Mineure, dans une région à laquelle il donne son nom : la Phénicie.

Variantes

I. Phénix n'est pas le frère d'Europe, mais son père.

II. Phénix n'est pas le fils d'Agénor, mais son frère.

Voir aussi : Europe

2. Fils d'Hippodamie 5 ou Cléobulé, ou d'Alcimédé.

Phénix est prié par sa mère de séduire l'une des maîtresses d'Amyntor, son mari. Ainsi, pense-t-elle, la jeune femme, Clytia (ou Phthia), prendra le vieillard en aversion. Mais Amyntor, qui a déjà répudié son épouse, apprend la trahison de son fils, qu'il voue aux Érinyes après lui avoir fait crever les yeux. Phénix est recueilli par le Centaure Chiron, qui lui redonne la vue et Pelée fait de lui le roi des Dolopes.

Variante

Clytia fait des avances à Phénix qui les repousse ; Clytia le calomnie et l'accuse, auprès d'Amyntor, d'avoir cherché à la violer. Plus tard, ayant reconnu son erreur, Amyntor se pend, tandis que Clytia se jette dans un puits. Phénix se rend ensuite à Phthie, en Thessalie, auprès de Pelée qui fait de lui le roi des Dolopes et lui confie l'éducation d'Achille ; Phénix traite Achille comme son propre fils ; pendant le siège de Troie, il tente d'apaiser sa colère lors de sa brouille avec le roi Agamemnon. Et grande est sa douleur à la mort du héros. Il appelle le fils d'Achille Néoptolème, que son grand-père, le roi Lycomède, a tout d'abord appelé Pyrrhos. Phénix meurt en Thrace, avant d'atteindre sa patrie ; il est enseveli par Néoptolème, à Éioné, une ville sur les rives du fleuve Strymon.

Voir aussi : Néoptolème

3. Oiseau fabuleux.

Le Phénix, d'origine égyptienne (il est l'animal du dieu Rê) est, pour les Anciens, le symbole de l'immortalité. Il n'apparaît que tous les cinq cents ou cinq cent quarante ans. Il ressemble à un aigle qui serait rouge et or. À la mort de son père, le Phénix fabrique un œuf avec de la myrrhe, à l'intérieur duquel il place la dépouille. Puis il emporte cet œuf pour l'ensevelir dans le temple du Soleil.

Pline apporte quelques précisions, dues au sénateur Manilius (début du ier siècle av. J.-C.). Le Phénix construit son nid avec des branches de cannelle et d'encens ; il le remplit de parfum et y meurt. De ses os et de sa moelle naît une espèce de vermisseau, qui devient un jeune oiseau. Il rend tout d'abord les honneurs funèbres à son prédécesseur, puis emporte le nid à Héliopolis où il le dépose sur un autel.

Variantes

I. Le Phénix apparaît en Égypte tous les cinq cent cinquante ans ; et, pendant tout ce temps, il vole à travers l'Inde. Il n'en existe qu'un exemplaire, qui est une émanation des rayons du Soleil ; éclatant comme de l'or, il ressemble à un aigle. Arrivé en Égypte, le Phénix se pose sur un nid fait d'herbes odorantes, près du Nil. Et tandis qu'il se meurt, il chante des hymnes funèbres en l'honneur de lui-même. Les Égyptiens et les Indiens s'accordent sur ce point.

II. Selon d'autres traditions, le Phénix, dépourvu de géniteur, est incapable de se reproduire ; près de mourir, il se construit un nid de branches magiques auxquelles il met le feu. Des cendres surgit un nouveau Phénix.

Le mythe du Phénix se retrouve à Rome : il est l'aigle, apothéose des empereurs, garant de leur immortalité.

Le Phénix

Sous le consulat de Fabius et de Vitellius, le Phénix après une longue période de siècles reparut en Égypte. Son retour donna lieu à beaucoup de dissertations des plus savants hommes de ce pays et de la Grèce. Je vais rapporter les faits les plus généralement avoués, et quelques autres moins sûrs, mais qu'il n'est pourtant pas inutile de connaître. Le Phénix est consacré au Soleil, et tous ceux qui l'ont décrit s'accordent à lui donner une figure et un plumage différents des autres oiseaux. On a varié sur la durée de sa vie. La plupart la fixent à cinq cents ans, et quelques-uns à quatorze cent soixante et un. Ils assurent que le premier Phénix parut sous Sésostris, le second sous Amasis, un autre sous Ptolémée le troisième Macédonien qui régna en Égypte ; que tous trois prirent leur vol vers la ville d'Héliopolis, au milieu d'un nombreux cortège d'autres oiseaux qu'attirait la singularité de leur forme. Il faut cependant convenir qu'on se perd dans cette antiquité. Entre Ptolémée et Tibère, il n'y a pas eu tout à fait deux cent cinquante ans ; ce qui à fait croire à quelques-uns que le dernier n'était point le vrai Phénix d'Arabie, n'ayant aucun des caractères que l'ancienne tradition donne à l'autre. En effet, celui-ci, dit-on, quand le nombre de ses années est révolu, et que sa fin approche, construit dans son pays un nid qu'il féconde. Bientôt sort un jeune Phénix, dont le premier soin, quand il est adulte, est d'aller ensevelir son père ; et il n'exécute point ce projet témérairement. Ce n'est qu'après s'être chargé de myrrhe, qu'après s'être essayé dans de longs trajets, et lorsqu'enfin sa vigueur peut suffire à son fardeau et à son voyage, qu'il prend le corps de son père, et va le porter sur l'autel du Soleil, où il le brûle. Ceci est incertain et mêlé de fables. Néanmoins il n'est point douteux que cet oiseau ne paraisse quelquefois en Égypte.

Tacite