Macarie

(Variantes : Macaria, Macarée)

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Fille d'Héraclès et de Déjanire, Macarie donne sa vie pour sauver les Héraclides que persécute le roi Eurysthée. En effet, un oracle a prédit la victoire des descendants d'Héraclès à condition que l'un d'eux se sacrifie. Iolaos, protecteur des Héraclides, fait appel à Démophon, fils de Thésée, contre le roi Eurysthée. Mais Démophon est si épris de justice que non seulement il se refuse à sacrifier l'un de ses enfants, mais s'interdit aussi de contraindre ses sujets à tuer l'un des siens. C'est pourquoi Macarie se porte volontaire, pour le salut de la cité ; elle désire quitter glorieusement l'existence. En sa mémoire, son nom est donné à une source de la plaine de Marathon, au lieu-dit « Tête d'Eurysthée ». Le nom de Macarie passe en proverbe.

Le sacrifice de Macarie

Ne crains plus les lances d'Argos. De moi-même, ô vieillard, avant d'y être contrainte, je me présente pour mourir, j'offre ma tête au fer. Pourrions-nous, en effet, quand cette ville brave volontairement pour nous les plus grands dangers, laisser aux autres la peine, et, pouvant assurer notre salut, chercher seulement à ne pas mourir ? Non certes ; on rirait de nous, et justement, si, ne sachant que gémir en suppliants au pied des autels, nous montrions, enfants d'un tel père, tant de faiblesse. En quels lieux cette lâche conduite pourrait-elle être approuvée ? Peut-être je ferais mieux d'attendre que cette ville étant, ce qu'aux dieux ne plaise, prise par l'ennemi, je tombe moi-même en ses mains, afin sans doute qu'ayant subi, fille d'un héros, ses outrages, je n'en finisse pas moins par aller voir Hadès ? Mais si, échappée de cette terre, j'errais de nouveau par la Grèce, ne rougirais-je pas de honte, lorsque j'entendrais dire : « Que venez-vous chercher ici avec vos rameaux et vos bandelettes, lâches, trop épris de la vie ? Quittez à l'instant cette terre ; ce n'est point à des lâches que nous accordons notre secours. » Je n'aurais pas même, si je les laissais périr, et me sauvais seule, cet espoir d'un heureux avenir, qui trop souvent a fait trahir des amis. Qui voudrait d'une fille sans famille, abandonnée, pour en faire sa femme, pour avoir d'elle des enfants ? Ne vaut-il pas mieux mourir que de tomber dans une fortune indigne de moi, convenable peut-être à quelque autre qui serait de race moins illustre ? Prenez donc ce corps et conduisez-moi où il faut que je meure ; couronnez-moi, consacrez-moi, comme il vous semblera bon ; et puis soyez vainqueurs de vos ennemis. Cette vie est à vous ; je vous l'abandonne, volontiers, sans contrainte. Oui, je le proclame, je veux mourir pour mes frères et pour moi-même. Je ne tiens pas à l'existence, et j'ai trouvé une noble voie pour en sortir.

Euripide