Clélie

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Jeune héroïne romaine.

Cette jeune fille est gardée en otage par le roi étrusque Porsenna, qui vient de convenir de la paix avec les Romains (508 av. J.-C.). Ayant trompé la vigilance de ses gardiens, à la tête de ses compagnes, Clélie gagne le campement allié en traversant le Tibre à la nage, sous les traits que décochent bientôt les ex-ennemis, sans toutefois atteindre personne. Porsenna, qui a d'autres captifs, exige que Clélie lui soit rendue, sous peine de dénoncer le traité. Les Romains s'y résolvent. Porsenna est tellement ébloui par le courage de Clélie qu'il lui fait don d'un coursier magnifique et lui permet en outre de rendre la liberté aux prisonniers qu'elle choisira. On les fait paraître devant elle ; Clélie choisit de libérer les plus jeunes. La paix étant établie, les Romains dressent en l'honneur de Clélie une statue équestre au haut de la voie Sacrée.

Variante

Tarquin le Superbe, septième roi de Rome depuis Romulus, est chassé à la suite de l'affront subi par Lucrèce, femme d'un personnage considérable et parent de la famille royale. Un des fils de ce Tarquin, ayant été reçu chez Lucrèce en qualité d'hôte, se livre sur elle aux dernières violences. Lucrèce, après avoir annoncé de vive voix cet outrage à ses amis et à ses parents, se poignarde aussitôt. Déchu pour cette raison de la royauté, Tarquin entreprend guerre sur guerre pour reconquérir son royaume. Entre autres tentatives, il finit par déterminer Porsenna, le roi d'Étrurie, à marcher contre Rome avec une armée considérable. En même temps que cette guerre, la famine vient encore accabler les Romains. Comme ils apprennent que Porsenna est non seulement un prince guerrier, mais encore un monarque plein d'humanité et de justice, ils veulent le faire juge de leurs différends avec Tarquin. Ce dernier s'y refuse avec hauteur, répétant que si Porsenna ne reste pas pour lui un allié fidèle, il ne pourra pas, non plus, être un arbitre équitable. Porsenna, dès lors, se détache de lui et prend l'engagement d'évacuer le territoire des Romains à titre d'allié quand on lui aura rendu la portion de pays enlevée aux Toscans, ainsi que les prisonniers de guerre.

À cette occasion, il lui est donné pour otages dix jeunes garçons et dix jeunes filles, et au nombre de ces dernières, Valérie, la fille du consul Publicola. Le monarque fait interrompre aussitôt tous les préparatifs de guerre commencés, sans attendre que chacun des articles de la capitulation soit entièrement exécuté. Les jeunes Romaines qui sont dans son camp descendent le long du fleuve, comme pour se baigner, et s'éloignent un peu. Puis, à la sollicitation de l'une d'elles, Clélie, elles attachent leurs tuniques autour de leur tête et remontent le courant, qui est fort rapide. Elles traversent ainsi à la nage des gouffres profonds, en se tenant les unes les autres, avec une peine et des fatigues incroyables. Il y en a qui disent que Clélie, ayant eu le bonheur de rencontrer un cheval, monte dessus et lui fait passer doucement le fleuve, pendant que les autres la suivent à la nage, enhardies et soutenues par elle en dépit de tout.

Les Romains, les voyant revenir saines et sauves, sont partagés : ils admirent leur énergie et leur audace, mais désapprouvent ce retour, ne supportant pas l'ascendant moral pris par Porsenna et par ces jeunes femmes.

Ils intiment donc aux jeunes filles l'ordre de repartir et ils les renvoient avec une escorte. Au moment où on leur fait repasser le fleuve, Tarquin, qui a dressé une embuscade, manque de s'emparer de ces jeunes filles. Mais Valérie, la fille du consul Publicola, réussit à s'enfuir avec trois de ses esclaves jusqu'au camp de Porsenna ; et le fils de ce prince, Aruns (Arruns), accouru au secours des autres Romaines, les enlève des mains de leurs ennemis. Quand elles ont été conduites devant le monarque, celui-ci, en les voyant, les somme de lui dire laquelle a été l'instigatrice de ce coup hardi pour passer la rivière et en a commencé l'exécution. Toutes les autres, tremblant pour Clélie, gardent le silence ; mais elle se dénonce spontanément. Pénétré d'admiration, Porsenna fait amener un cheval richement caparaçonné, l'offre en présent à Clélie et il les renvoie toutes avec beaucoup de bienveillance et de courtoisie. Dès lors, on remarque sur la voie sacrée une statue équestre de femme, représentant Clélie selon les uns, et Valérie selon les autres.