Astrée
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».
Déesse de la justice.
Astrée est fille de Zeus et de Thémis, ou du Titan Astræos et d'Éos. Durant l'Âge d'or, elle vit parmi les hommes sur la Terre. Lorsqu'apparaît l'Âge de fer, et avec lui toute la méchanceté humaine, lorsque les crimes ont envahi les contrées les plus lointaines, elle se retire dans le ciel avec sa sœur, la Pudeur. Astrée se transforme en constellation sous le nom de Virgo, la Vierge, ou encore la Vierge d'or.
Astrée est représentée comme une vierge au regard triste mais digne, tenant une balance dans une main, une épée dans l'autre, attributs de sa mère avec laquelle on la confond parfois.
Voir aussi : Âges
Astrée
Sous les pieds du Bouvier on aperçoit la Vierge qui porte dans ses mains un épi lumineux.
Quelle que soit son origine, qu'elle ait reçu la naissance de l'antique Astræus, qui fut, dit-on, le père des astres, ou qu'elle soit fille d'un autre dieu, puisse-t-elle toujours pour suivre dans les cieux son paisible cours !
Il est un autre récit répandu parmi les hommes. On veut qu'elle ait jadis habité la Terre et qu'elle se soit montrée aux regards des mortels. Elle ne dédaignait point, dit-on, dans cet âge reculé, de se mêler à leur compagnie et de s'asseoir familièrement au milieu d'eux, quoiqu'elle fût immortelle. On l'appelait la Justice. Rassemblant autour d'elle les vieillards, dans quelque place publique ou dans un carrefour spacieux, elle leur enseignait avec zèle les lois qui doivent régir les peuples. On ne connaissait point alors la discorde funeste, les querelles, les procès, les révoltes. Les hommes vivaient innocemment. Ils ignoraient les dangers de la mer. Des vaisseaux n'allaient point encore chercher au loin leur nourriture. Leurs bœufs et leurs charrues fournissaient à tous leurs besoins ; et la Justice, cette reine des peuples, qui répand ses dons sur les justes, leur prodiguait les biens en abondance.
Elle demeura sur la Terre tant que dura l'Âge d'or. Mais quand vint l'Âge d'argent, on la vit moins souvent paraître : elle visitait moins volontiers les humains et regrettait les mœurs des anciens temps. Cependant elle se montrait encore aux hommes de cet âge. Elle descendait le soir des montagnes, seule, et sans s'arrêter, comme autrefois, avec bienveillance, auprès des mortels. Seulement, quand elle en avait réuni autour d'elle un grand nombre dans quelque lieu solitaire, elle leur adressait des paroles menaçantes et des reproches de leur méchanceté : « On me rappellera, leur disait-elle, mais je ne me montrerai plus. Si vos pères de l'Âge d'or ont laissé des fils si peu dignes d'eux, vous produirez à votre tour des enfants plus méchants que vous. Alors on verra chez les hommes la guerre et le meurtre odieux ; mais le crime sera bientôt suivi de la douleur. » Elle disait, et retournait vers ses montagnes, abandonnant les peuples qui la suivaient encore de leurs regards.
Mais quand ces hommes moururent, d'autres naquirent plus pervers encore. C'étaient les hommes de l'Âge d'airain. Les premiers ils forgèrent le glaive, instrument du crime, le glaive qui maintenant accompagne l'homme dans ses voyages ; les premiers ils se nourrirent de la chair des taureaux laborieux. Alors la Justice indignée quitta cette race criminelle, et s'envola vers les cieux. Elle y occupe cette place où elle brille encore durant les nuits aux regards des humains, portant le nom de Vierge : et voisine de l'éclatante constellation du Bouvier.
Aratos