Adonis

Adonis et Aphrodite (gravure de 1702).
Adonis et Aphrodite (gravure de 1702).

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Célèbre amant d'Aphrodite.

Adonis est le fils incestueux de Cinyras, roi de Chypre, et de sa fille Myrrha (ou Smyrna).

Myrrha est si belle que son père proclame qu'elle est plus belle qu'Aphrodite. En guise de vengeance, la déesse inspire à Myrrha une passion pour son père. (Apollodore affirme que Myrrha n'honore pas Aphrodite comme il se doit.) Éperdument amoureuse, Myrrha a réussi à se glisser plusieurs fois dans son lit, jusqu'au jour (!) où, à la faveur d'une lampe allumée à l'improviste, Cinyras reconnaît, horrifié, le visage de sa propre fille.

Myrrha s'enfuit, poursuivie par un père aux desseins assassins. Se sentant perdue, elle implore les dieux de venir à son secours. Aphrodite (ou Zeus) prend alors pitié de la jeune fille ; la divinité la transforme en un arbre qui devient l'arbre à myrrhe. Adonis, conçu lors des rapports incestueux, naît de l'écorce de l'arbre. L'enfant est si beau qu'Aphrodite ne résiste pas à le prendre sous sa tutelle. Elle le confie ensuite à Perséphone. Mais Perséphone le trouve à son tour si adorable qu'elle ne veut plus le rendre à Aphrodite. Il est donc fait appel au jugement de Zeus ; celui-ci décrète qu'Adonis passera un tiers de l'année avec Aphrodite, un tiers avec Perséphone ; quant au tiers restant, l'objet de tant de sollicitudes en disposera à sa guise.

Adonis devient l'amant d'Aphrodite, ce qui provoque la jalousie du dieu Arès, autre amant de la déesse. Arès envoie un sanglier tuer son rival alors qu'il chasse dans l'île de Chypre, sur les hauteurs d'Idalie. Les larmes d'Aphrodite se mêlent au sang d'Adonis ; larmes et sang répandus sur le sol se changent en fleurs. Du sang naît la rose et, des larmes, l'anémone. Les eaux du fleuve Adonis, en Phénicie, se mettent à rougir. On dit aussi que le sang qui s'échappe des égratignures qu'Aphrodite s'est faites en courant dans le bois ont rougi les roses blanches. La tombe d'Adonis se trouve à Chypre ou à Byblos. Des porcs sauvages sont sacrifiés à Chypre, en l'honneur d'Aphrodite, « car ils ont attaqué Adonis ».

Chaque été, les fêtes Adonia célèbrent la mort d'Adonis. Le culte, né en Syrie, à Byblos, se répand rapidement dans le monde grec et à Rome ; il est introduit à Athènes au cours du ve siècle av. J.-C., et célébré en avril ; dans la Rome impériale, la fête a lieu en juillet. Devant une image d'Adonis étendu sur un lit funéraire, les femmes éplorées, essentiellement des courtisanes et des épouses infidèles, témoignent d'une douleur extrême. Lorsque Aphrodite obtient de Zeus la résurrection de son amant, le culte se poursuit dans la même atmosphère.

D'origine phénicienne, le culte d'Adonis est lié au cycle des saisons : le printemps symbolisé par la période Adonis-Aphrodite ; l'hiver représenté par la période Adonis-Perséphone. On a identifié Adonis au Soleil ; quant au sanglier aux poils rudes et hérissés, habitué des lieux humides et boueux, il est le symbole de l'hiver. Le nom vient du phénicien Adon qui signifie « seigneur ». Adon est un garçon très beau, aimé de la déesse Astarté. Lorsqu'il est tué par un sanglier, la déesse demeure inconsolable. Chaque année, les femmes de Byblos exposent un simulacre du corps d'Adon sur un lit de fleurs et prient pour sa résurrection.

Variantes

I. Adonis est le fils de Phénix et d'Alphésiboéa ; de Thyas, un roi d'Assyrie.

II. Adonis est le fils de Cinyras et de Métharme.

Voir aussi : Thesmophories

Vénus et Adonis

Un jour l'enfant ailé jouait sur le sein de la déesse. Sans y songer, d'un trait aigu, il la blesse en l'embrassant. Vénus sent une atteinte légère, repousse son fils, mais la blessure est plus vive qu'elle ne le paraît, et la déesse y fut d'abord trompée. Bientôt, séduite par les charmes d'Adonis, elle oublie les bosquets de Cythère ; elle abandonne Paphos, qui s'élève au milieu de la profonde mer ; elle cesse d'aimer Cnide, où le pêcheur ne promène jamais sur l'onde une ligne inutile ; elle déserte Amathonte, célèbre par ses métaux ; le ciel même a cessé de lui plaire. Elle préfère au ciel le bel Adonis. Elle le suit, elle l'accompagne en tous lieux : elle qui jusqu'alors, aimant le repos, le frais, et l'ombre des bocages, n'était occupée que des soins de sa beauté, que de la parure qui peut en relever l'éclat ; aujourd'hui, telle que Diane, un genou nu, la robe retroussée, elle erre sur les monts et sur les rochers ; elle court dans les bois, dans les plaines ; elle excite les chiens ; elle poursuit avec Adonis une timide proie, le lièvre prompt à fuir, le cerf aux bois rameux, le daim aux pieds légers ; mais elle craint d'attaquer le sanglier sauvage ; elle évite le loup ravisseur, l'ours par sa force terrible, et le lion qui se rassasie du carnage des troupeaux.

Ovide

Adonis et Aphrodite (gravure de 1702).
Adonis et Aphrodite (gravure de 1702).