îles des Bienheureux

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Séjour posthume des héros et des humains distingués par leur vertu.

C'est dans les îles des Bienheureux, ou îles Fortunées, que les héros et les hommes dont « l'âme est absolument pure de tout mal », vivent après la mort, au côté des dieux et des hommes de l'Âge d'or. Situées aux confins du monde, elles sont rafraîchies par les brises océanes ; des fleurs d'or resplendissent, que les élus tressent en guirlandes pour leurs bras, en couronnes pour leur tête, sous le juste regard de Rhadamanthe. On a également situé ces îles au large des Canaries.

Après leur mort, les héros, comme Ménélas, continuent de vivre dans un bonheur parfait, comme si c'était à nouveau l'Âge d'or.

Voir aussi : Âges

Si Homère évoque un lieu de béatitude, c'est surtout avec les mystères d'Éleusis, et les mystères en général, et avec le développement de l'orphisme que s'affirme la notion d'un au-delà de félicité, juste récompense à qui s'est comporté en homme juste durant sa vie terrestre.

Voir aussi : Orphisme, Éleusis, Champs Élysées

Les îles Fortunées

Mais vous, qui avez du cœur, cessez de gémir comme des femmes et volez au-delà des rivages étrusques. Il nous reste l'immense océan : gagnons les riches campagnes, les Îles Fortunées : chaque année, la terre, sans être cultivée, y prodigue le blé ; sans être taillée, la vigne y prospère ; les branches de l'olivier y bourgeonnent et ne trompent jamais ; la figue mûre y fait la beauté d'un arbre qu'on n'a pas à greffer ; le miel y coule du creux des chênes ; l'eau légère y tombe avec bruit du haut des montagnes. Là, les chèvres viennent d'elles-mêmes se faire traire, et le troupeau ami apporte à l'étable ses mamelles gonflées de lait. Le soir, l'ours ne vient pas gronder autour de la bergerie, et le sol profond n'est pas gonflé de vipères. Et nous aurons le bonheur de voir encore d'autres merveilles : le vent humide de l'Eurus ne ravinera pas les champs par des pluies abondantes ; les semences fécondes ne se dessécheront pas dans les mottes, le roi des dieux réglant la pluie et la chaleur. Les rameurs du vaisseau Argo ne sont point allés vers cette terre, et Médée l'impudique n'y a pas mis le pied ; les marins de Tyr n'ont point de ce côté tourné leurs antennes, pas plus que les misérables compagnons d'Ulysse. Les moutons n'ont à craindre aucune maladie ; les troupeaux n'ont pas à souffrir des chaleurs excessives. Jupiter a réservé ces rivages a un peuple pieux, quand il remplaça l'Âge d'or par l'Âge de bronze, qui valait moins. Avec le bronze, puis le fer, il fit des âges plus durs : les hommes à l'âme religieuse auront le bonheur d'y échapper, s'ils écoutent mes chants inspirés.

Horace