William Shakespeare
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».
Poète dramatique anglais (Stratford-upon-Avon, Warwickshire, 1564 – id. 1616).
Nul dramaturge, et peut-être nul auteur, ne tient une place aussi grande que lui dans le royaume de la musique. Ses pièces, déjà, accordent à l'expression musicale une grande importance, par les chansons (chanson d'Ophélie dans Hamlet, romance du Saule dans Othello, chant du Fou dans le Roi Lear), par des musiques de duels, de sérénades, de banquets de funérailles, par des sonorités venant d'instruments invisibles, et destinées à créer une atmosphère magique (le Songe d'une nuit d'été, la Tempête) ; et nous savons que les représentations de son théâtre comportaient très souvent l'intervention de voix chantées et d'instruments. Les situations, aussi bien que les indications scéniques, sont éloquentes à cet égard. Enfin, le texte est riche en allusions à la musique, considérée comme une grande métaphore de l'harmonie universelle.
Après sa mort, on a rapidement adapté sa musique en versions chantées, en opéras : un Macbeth de Matthew Locke (1673), une Tempête de Shadwell et Purcell (1695), et la Fairy Queen de Purcell d'après le Songe d'une nuit d'été. Mais c'est surtout au xixe siècle que ses drames (surtout ses tragédies, plus rarement ses drames historiques, moins souvent ses comédies) inspirent une multitude d'opéras, de musiques de scène et d'ouvertures. Ainsi, Othello suscite des opéras de Rossini (1816), de Verdi (1887), une ouverture de Dvořák op. 63 ; Hamlet : des opéras de Faccio (1871), d'Ambroise Thomas (1868), après celui de Domenico Scarlatti (1715), des ouvertures, musiques de scène et poèmes symphoniques de Liszt (1858), Tchaïkovski (1888), Pierné, Berlioz (Marche funèbre, 1848), etc. ; Macbeth : une ouverture de Spohr, des opéras d'Hippolyte-André Chelard (livret de Rouget de Lisle, 1827), de Rastrelli (1817), Verdi (1847), des poèmes symphoniques de Richard Strauss (1890), Tcherepnine, etc. ; Roméo et Juliette : des opéras de Bellini (les Capulets et les Montaigus, 1830) et Gounod (1867), la « Symphonie dramatique » de Berlioz, l'ouverture de Tchaïkovski (1869) ; le Roi Lear : des ouvertures de Berlioz (1832) et Paul Dukas (1883), l'opéra inachevé de Felipe Pedrell, la pièce pour orchestre de Balakirev (1859) ; le Songe d'une nuit d'été : des opéras de Weber (Obéron), Ambroise Thomas, la musique de scène de Mendelssohn ; la Tempête : des opéras de Halévy (1850), Luigi Caruso (1799), des musiques de scène de Felix Weingartner, Ernest Chausson (1888) et Jean Sibelius (1926), la Fantaisie de Tchaïkovski (1872) et celle de Berlioz incorporée dans Lelio, ainsi qu'un ballet d'Ambroise Thomas (1889) ; Jules César : après des opéras de Cavalli (1646), et de Haendel (1724), une ouverture de Schumann (1850) ; Beaucoup de bruit pour rien : l'opéra Béatrix et Benedict (1862), de Berlioz (lequel détient sans doute le record d'adaptations musicales du maître anglais par un même compositeur), etc. Ces titres ne représentent qu'une infime partie d'une gigantesque production musicale. Au xixe siècle, si les versions musicales sont moins nombreuses, on peut l'imputer à une production plus réduite d'opéras originaux : on peut citer tout de même le Marchand de Venise de Reynaldo Hahn, Antoine et Cléopâtre et Jules César de Malipiero, le Songe d'une nuit d'été (1960) et le Viol de Lucrèce de Britten, Lear de A. Reimann, opéras auxquels il faut ajouter des ballets comme les Roméo et Juliette de Prokofiev (1936) et Ragnar Grippe, et des musiques de film comme celles de William Walton pour les adaptations de Laurence Olivier, etc.