virginal

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Terme désignant en Angleterre, vers l'an 1600, tous les instruments à clavier et à cordes pincées.

Ce n'est que plus tard que sera établie la distinction entre « harpsichord » (clavecin) et « virginal » (qui deviendra synonyme d'épinette, instrument à un seul registre, sorte de petit clavecin portatif). L'origine du terme serait selon les uns le mot « virga » (sautereau), selon les autres le fait que l'instrument, le plus souvent en forme de boîte rectangulaire avec clavier sur le côté, était généralement joué par des jeunes filles. On ne saurait en tout cas y voir une allusion à la « reine vierge » (Élisabeth).

En tant qu'instrument, le virginal n'est d'ailleurs pas d'origine anglaise, et beaucoup, au xvie siècle, sont fabriqués aux Pays-Bas. Mais sa musique appartient bien à l'Angleterre, qui donne ainsi naissance, par-delà l'influence d'un Cabezón, par exemple ­ venu en 1554 dans la suite de Philippe II à la cour de la reine Mary, où il a introduit le nouveau style espagnol, en particulier la variation ­, à la première grande école de compositeurs pour clavier occidentale, celle des virginalistes.

Le premier musicien à composer pour le virginal est sans doute Hugh Atson († 1552), et le plus grand très certainement John Bull (1563-1628), dont les œuvres dénotent une virtuosité d'autant plus extraordinaire qu'à l'époque, le passage du pouce étant encore chose inconnue, on ne joue le plus souvent qu'avec trois doigts de chaque main. Immédiatement après lui se situent William Byrd (1543-1623), dont environ cent cinquante pièces nous sont parvenues, Thomas Morley (1557-1603), Orlando Gibbons (1583-1625) et Giles Farnaby (v. 1565-1640), qui, parfois, contrairement à Bull, ne se débarrassent pas du style de la musique vocale, et donc écrivent moins bien pour l'instrument.

De fait, en ses débuts, la musique pour virginal consiste principalement en arrangements et transcriptions de pièces vocales. Mais de plus en plus, on exploite les possibilités et les effets particuliers de l'écriture pour clavier (traits virtuoses, gammes arpèges, notes répétées, larges écarts de la main droite annonçant curieusement Domenico Scarlatti). Les deux plus importants recueils édités de pièces pour virginal sont, au début du xviie siècle, le Parthenia, édité en 1611, et le Fitzwilliam Virginal Book, important manuscrit de 416 pièces (de John Bull, William Byrd, Thomas Morley, Peter Philipps, Thomas Tallis, John Dowland, Giles Farnaby et bien d'autres), confectionné avant 1630 et légué en 1816 par un riche collectionneur à l'université de Cambridge, qui le publiera en 1899.

De ces trésors, quatre genres principaux (outre les transcriptions de pièces vocales) se dégagent : la variation sur des mélodies de plain-chant, des airs de danse ou des chansons populaires (comme celles sur John kiss me now de Byrd ou sur Walsingham de Bull) ; la fantaisie, exercice de virtuosité contrapuntique ; la danse (pavane et gaillarde surtout) ; et les œuves de musique descriptive, comme la Bataille (Mr. Byrd's Battle) ou les Cloches (The Bells) de Byrd, ou encore The Duke of Brunschwig et The Duchess of Brunschwig de Bull. Le dernier grand virginaliste, Thomas Tomkins (1572-1656), utilisera en outre dans ses variations le procédé de la basse obstinée, plus tard repris par Purcell.

Virginal
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