substitution

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

1. Au piano, artifice de doigté consistant à glisser de façon muette un doigt à la place d'un autre sur une touche déjà en action.

2. En harmonie, on a longtemps employé le mot « substitution » (Fétis) à propos d'une ambiguïté d'analyse entre l'écriture apparente d'un accord et sa signification réelle lorsque cet accord comportait des sons sous-entendus ou des notes étrangères non résolues. Ainsi, dans un enchaînement sol-si-mi suivi de l'accord de do tonique, le 1er accord peut être entendu soit comme un renversement de 2e degré (analyse littérale apparente : accord de mi mineur), soit comme un accord appoggiaturé dans une cadence ordinaire V-I (mi appoggiature d'un sous-entendu). Bien que, hors d'un contexte modal rare autrefois, la deuxième explication soit la plus conforme au sens musical, ainsi que le prouve la possibilité sans en changer le sens d'y ajouter sa 7e fa (ce que fait Chopin en écrivant sol-fa-si-mi), on l'expliquait autrefois en supposant que l'accord du 11e degré (mi mineur) se « substituait » au 5e qui, disait-on, conservait néanmoins sa basse grâce au renversement. On expliquait de même l'accord de quinte et 6e construit sur le 4e degré (exemple fa-la-do-ré/sol-si-ré/do) ; au lieu d'y voir le premier renversement de l'accord de 7e du 2e degré (ré-fa-la-do) produisant entre fondamentales exprimées ou sous-entendues une descente normale de quintes ré-sol-do soit II-V-I, on le rattachait à la cadence IV-V-I suggérée par la basse IV en y voyant, sur cette basse IV, « substitution » d'un accord de seconde dissonant à l'accord consonant obtenu en enlevant le ré. Ce genre de raisonnement, dont l'arbitraire paraît surprenant, se rattache à toute une école de bizarreries analytiques malheureusement fréquentes dans la tradition scolaire.