style représentatif
(ital. stile rappresentativo)
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».
Mode de chant utilisé par Monteverdi et impliquant une volonté d'expressivité extrême, la recherche d'un dramatisme constant dans la déclamation monodique, avec le souci de décrire une action et de planter un décor, par les seuls moyens de la musique.
C'est surtout dans la célèbre Lettre amoureuse et sa " réponse " en quelque sorte, la Partenza amorosa, que Monteverdi joue en virtuose de toutes les ressources de ce procédé. Ces deux pages comptent d'ailleurs parmi les joyaux du 7e Livre de madrigaux (1619). Mais dès 1608, Monteverdi avait recouru au style représentatif avec le Ballo dell'ingrate, composa (avec l'opéra Arianna) à l'occasion du mariage du fils du duc de Mantoue. Francesco Gonzague. Et, en 1624, le Combat de Tancrède marie en une étonnante synthèse dramatique le même genre représentatif aux trouvailles du style concitato (agité), le plus propre à traduire la colère et le conflit des passions violentes.
Dans chaque cas, le compositeur se montre suprêmement attentif à l'accent qui doit détacher le mot clé, à tous les accidents expressifs du discours, à ses contrastes aussi, et à l'intensité du " geste verbal " qui vient appuyer l'action et amplifier le pouvoir du texte (dans le Combat de Tancrède et Clorinde, les interprètes, précise Monteverdi, mimeront au besoin cette action).
Il reste que la grande nouveauté du genre représentatif est avant tout de donner l'illusion du théâtre, de la vie et du visuel en dehors de toute représentation scénique. D'où l'importance primordiale que prend ici la conduite de la déclamation en soi, avec la volonté d'une parfaite diction jointe à l'ornementation d'une ligne de chant littéralement sculptée sur les paroles afin de rendre, selon le vœu des mélodramatistes florentins, la musique au monde des sentiments et de l'émotion. De ce point de vue, le style représentatif réussit la fusion parfaite du verbe et des notes. Une fusion dont Monteverdi, en créateur moderne qu'il est, équilibre au mieux les composantes dramatiques et mélodiques pour exalter les déchirements de la " guerre d'amour " dont il se fait le chantre dans ses derniers Livres de madrigaux, laissant finalement en suspens, comme au reste tous les grands de l'opéra, de Mozart à Alban Berg, l'éternelle question de la primauté des paroles sur la musique.