représentation sacrée

(ital. rappresentazione sacra)

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Dans le cadre des activités spirituelles de la congrégation de l'Oratoire à Rome, à la fin du xvie siècle, la représentation sacrée naît de la laude, chant religieux homophone dont la tradition remonte à l'Italie médiévale. « Sous l'influence du mouvement mélodramatique qui devait aboutir à la création de l'opéra primitif, la laude tend à se dramatiser suivant les péripéties du dialogue mis en musique » (Adelmo Damerini). On emprunte alors des sujets à l'Ancien et au Nouveau Testament, tandis que le style monodique et le recitar cantando précipitent l'évolution du genre vers des horizons nouveaux. Cavalieri donne ainsi, en février 1600, la Représentation de l'Âme et du Corps qui admet l'élément scénique et visuel.

À la suite de Cavalieri, l'école romaine, avec Agazzari et Landi, devait continuer à s'illustrer dans la représentation sacrée (qui est en fait un véritable opéra spirituel). Mais, dans le même temps, certains musiciens s'éloignaient de la représentation et de sa dimension scénique pour imaginer l'oratorio. Celui-ci retient l'élément narratif et dramatique, mais se passe de l'aspect visuel et de l'élément représentatif proprement dit, et use d'un texte latin ou italien, avec le personnage essentiel du récitant (le storico, testo ou storia qui deviendra l'évangéliste des Passions de Bach). Aussi bien, c'est l'oratorio qui fera, au siècle suivant, la carrière glorieuse que l'on sait, opposant la monodie et le récitatif qui caractérisent les interventions des personnages solistes aux épisodes choraux qui mettent en scène le personnage collectif de la foule (turba), tandis que la représentation sacrée sera très vite oubliée des compositeurs comme du public.